Par Valérie Weill – Consultante et accompagnatrice en création/développement d’entreprise
Vous ne pouvez pas dire que vous êtes malheureux, mais vous ne nagez pas non plus dans la félicité. Vous avez un travail correct, mais qui est devenu routinier.C’est un peu comme si vous marchiez avec un caillou dans vos chaussures. Vous vous sentez parfois spectateur de votre propre vie, porteur d’un costume et d’un rôle qui ne vous va plus.
Vous êtes peut-être même en train de commencer à vous avouer que vous n’êtes plus sur la bonne voie professionnelle. Cela peut ouvrir la porte à la démotivation, à la frustration.
Quelque chose doit évoluer…
Cependant en règle générale, vous êtes suffisamment lucide pour voir
que vous n’êtes plus en phase avec vous même, que vous n’êtes plus
congruent(e) avec vous même. Vous devenez alors rapidement confronté(e)
à la nécessité de changer personnellement ou bien de modifier votre
système, pour atteindre un état plus conforme à vos aspirations et
envies. Quelque chose doit évoluer : petite phrase pudique que l’on se
murmure du haut de notre “grand comité”…
Pour certain(e)s, l’idée de
changement fait vite son chemin.La frustration étant telle qu’elle
induit un besoin d’évolution rapide. Pour d’autres, cela peut prendre
du temps. Voire parfois, il faudra malheureusement un licenciement, une
énième restructuration dans l’entreprise, l’arrivée d’un supérieur
hiérarchique insupportable – ou bien encore un deuil, une maladie pour
prendre vraiment conscience de l’ampleur de votre inconfort.
Commencer à rêver
C’est à ce moment que vous allez commencer à rêver. Et pour passer
du salariat à la création d’entreprise, il faut du rêve au départ.
C’est dans un premier temps cette capacité à rêver, à se projeter dans
l’avenir, dans tous les possibles, qui vous redonnera de l’énergie.
C’est votre vision de vous dans l’avenir qui vous donnera la capacité à
reprendre des risques et à surmonter vos doutes.
Que ce soit vous
adonner à votre passion extra-professionnelle depuis longue date, ou
bien réaliser un rêve de gosse qui a souvent été contrarié
(dernièrement, j’ai croisé un très brillant polytechnicien de 55 ans
qui jubilait à l’idée d’entamer sa formation de boulanger-pâtissier…),
il s’agit de reprendre lien avec vous-même. Tous les conseillers en
création d’entreprise vous le diront, les meilleurs projets sont ceux
qui reflètent totalement la personnalité et les passions de son
créateur.
Bien sûr, il ne s’agit pas de rêver béatement à devenir millionnaire
sans effort, mais plutôt de se remettre en question et de s’accrocher à
une vision, une envie de changer sa propre réalité.
Cette crise, que l’on peut rencontrer plus fréquemment autour de la quarantaine, est bien souvent libératrice.
Elle
permet la remise en cause, oblige à regarder autrement, à aller
chercher d’autres ressources en soi. Comme le dit fort bien Jean-Paul
Sauzède (psychothérapeute et co-auteur avec Daniel Grosjean, coach et
consultant en ressources humaines, du livre "Trouver la force d'oser" – InterEditions, 2006), “la crise signale qu’un décalage s’est formé entre votre identité et ce que vous faites au quotidien.
Elle
peut s’exprimer sous forme de somatisations : dos bloqué, insomnies,
dépression. Ce sont des signaux d’alerte. Et plus vous ferez la sourde
oreille, et plus ils se manifesteront fort. Aussi bizarre que cela
puisse paraître, ils sont là pour vous aider à refuser votre réalité
cadenassée et à aller vers vos rêves.”
Mais comment libérer ses rêves?
Selon Jean-Paul Sauzède et Daniel Grosjean dans un article paru dans L'Express en ligne
du 01/06/2006, “Pour créer votre entreprise, osez rêver !” selon des
propos recueillis par Isabelle Hennebelle et Jacques Trentesaux : “pour
y parvenir, il est essentiel de se réapproprier son identité profonde.
Pour cela, il faut souvent tout revisiter: ses désirs, ses motivations,
ses racines. Parfois, il convient aussi de se donner l’autorisation
d’entreprendre.”
Et pour faire émerger la vision, Jean-Paul Sauzède suggère trois pistes :
1) Réunir plusieurs personnes pour plancher sur le projet
d’entreprise pendant quelques heures en menant un brainstorming et en
acceptant toutes les idées, même un peu folles. Une personne extérieure
au projet sera présente. Son rôle consistera à maintenir les règles de
base: pas de jugement, pas d’interprétation.
2) Recourir à un support artistique pour se laisser aller: peinture,
musique, écriture, modelage… Les vrais patrons ont presque toujours
une passion hors de leur vie de dirigeant. Ainsi, ils connectent le
cerveau droit – les émotions – et le cerveau gauche – le mental. Du
rêve, ils passent facilement à la concrétisation.
3) Travailler sur ses rêves, les noter, les analyser. Ou recourir à
la sophrologie. Cette technique est très utilisée par les sportifs de
haut niveau. Elle procure un état de rêve éveillé durant lequel il
devient plus facile de lâcher prise et de visualiser des situations
nouvelles.
Cependant bien souvent avec le rêve vient le doute, la peur, les résistances que nous avons tous en nous plus ou moins…
Comment gérer nos résistances intérieures, nos peurs ?
Selon Jean-Paul Sauzède, “les résistances ne sont pas mauvaises en
soi. Elles cherchent à nous éviter l’expérience de l’inconnu.
S’agripper à ce qu’on connaît est un réflexe humain. Mais pour mener à
bien son projet, il faut effectivement aller au-delà de ses
résistances.” Retourner à son rêve, le réactualiser et le confronter à
la réalité du terrain et du marché est une solution. Pour que le projet
ne reste pas au simple état de rêve, il est nécessaire de comprendre
les origines de ses peurs et de les affronter. Il est évident qu’une
préparation solide de votre projet est indispensable, mais une bonne
préparation mentale aussi ! C’est une des clés du succès.
La crainte financière
On constate aussi souvent que le frein majeur à nos envie de créer,
est lié à la recherche de la sécurité financière. Pourquoi ne pas
envisager alors une activité salariée de type “alimentaire” et garder
du temps pour développer calmement en parallèle son projet ? Les
aménagements fiscaux et sociaux pour le créateur d’entreprise qui
cumule plusieurs activités – salariées et non salariées – se sont
accrûs ces deux dernières années. Vous pouvez aussi tester votre projet
et surtout vos motivations profondes en recourant au portage salarial…
Vous pouvez trouver des solutions pour pallier votre peur du risque
financier.
Des hauts et des bas dans le processus de création d’entreprise
Mais peut-être que pour vous, c’est encore autre chose qui se cache
derrière vos résistances ? Sans un minimum d’introspection intérieure,
vous ne pourrez correctement identifier vos résistances.
Un jour,
vous allez croire dur comme fer à votre projet et le lendemain, vous
allez vous demander si vous n’êtes pas en train de faire une grosse
bêtise !!! C’est normal ! De toute façon, vous n’échapperez pas aux
hauts et bas de votre moral et de votre motivation, c’est absolument
normal et légitime d’éprouver ces difficultés, ces moments
d’hésitations.
Je n’ai pas encore rencontré – en plus de 1500
candidats à la création d’entreprise – de créateurs qui n’aient pas
d’instants de doute…
L’intérêt d’un regard extérieur
C’est pour cela qu’il est bien utile de recourir à une aide
extérieure à votre projet, sous la forme d’un coach par exemple, pour
vous aider à y voir clair.
Le coach d’entrepreneurs (quand il est à
la fois entrepreneur lui-même, spécialiste de la création d’entreprise
et formé réellement au métier de coach) est là pour vous encourager,
vous aider à surmonter vos difficultés, vous accompagner pour vous
faire trouver vos propres solutions, sans se substituer à vous et votre
projet et sans faire non plus de “psycho-papouille”.
Il est même
capable de vous donner – en toute bienveillance – le petit coup de pied
aux fesses qui vous manque pour franchir le cap et concrétiser votre
rêve.
Il n’est pas là pour vous conseiller, mais plutôt pour vous
éclairer le chemin, vous aider à prendre les bonnes décisions et pour
vous faire trouver, pourquoi pas, votre légende personnelle.
Il est là pour vous aider à peindre votre rêve.