Par Patrick Rey (chroniqueur exclusif) - Consultant-Délégué ITG, premier groupe de conseil en portage salarial.
Les deux, mon Général, comme dirait l'autre ! Seul, parce que les décisions, les choix, la valeur professionnelle, la motivation, en dernier recours sont individuels. Pas seul, car aucune aventure humaine ou entrepreneuriale n'est jamais isolée, sans équipe, relais, soutiens, conseils.
La forte poussée vers la création de sa propre activité, sous une forme ou sous une autre, vient d'une envie ou d'une réaction : envie profonde d'autonomie, réaction à la crise économique (qui est plutôt une transformation à marche forcée, parfois violente). L’entrepreneuriat individuel est le plus souvent la réponse, bien différente de celle du mouvement des start-up qui réunissent le plus souvent 2 ou plusieurs associés et très vite des salariés pour monter en puissance le plus vite possible.
Comme le dit l'article du magazine Capital (La France, ce pays qui créé des start-up à la chaîne), les jeunes diplômés ne rêvent plus d'une carrière dans un grand groupe : “ils veulent tous lancer leur boîte”. Ils ont envie de changer les choses, de bousculer les habitudes, par exemple en s'attaquant aux rentes des acteurs historiques. Naturellement, la casse est importante : peu obtiennent le financement qu'elles demandent, et une fois créées, elles sont mortelles comme les autres, particulièrement dans la jungle des technos où les positions bougent très vite.
Alors, on se dit qu'il est moins risqué d'entreprendre en solo, qu'on pourra toujours rebondir, se maintenir en cas de gros temps. C'est particulièrement vrai pour les personnes qui créent une activité de conseil ou services aux entreprises, à partir d'une expertise à valeur ajoutée. C'est ce que font les professionnels autonomes via portage salarial et leurs homologues libéraux ou créateurs de leur petite société unipersonnelle.
Or, il ne faut pas sous-estimer la difficulté de travailler seul ou carrément isolé. Comment maintenir la motivation, supporter seul les contrariétés sans se décourager… C'est là qu'une oreille bienveillante est utile. Quant à moi, pendant plus de 15 ans, étant associé, ce fut l'associé du moment. Ensuite, étant porté par ITG, ce furent les collègues en réseau. Pour les personnes qui n'ont que leur familles ou proches, une personne extérieure coach (ou faisant office) est nettement plus indiquée, car il ne faut pas avoir d'enjeux émotionnels avec son coach.
Certes, les conseillers ne sont pas les payeurs, et même les coachs guident indirectement vers une solution qu'on a trouvé en soi… ou avec l'autre. Certes, les jeunes pousses ne sont pas majoritaires, en équipes soudées vers un destin commun. Je crois que les deux types d'aventures entrepreneuriales ont à la fois besoin d'échange à plusieurs et de résolution personnelle, de collectif en partage et d'individu qui se prend en charge.