Par Patrick Rey (chroniqueur exclusif) - Consultant-Délégué ITG, premier groupe de conseil en portage salarial.
Voilà bien une question que se posent pas mal de salariés et de demandeurs d'emploi. Je me la suis posée plusieurs fois de mon côté. Personne ne peut répondre à la place de la personne qui s'interroge. Tout au plus, peut-on l'aider à sonder sa motivation ou son manque de motivation.
Comme mes contacts des cabinets RH, organismes ou autres associations d’accompagnement de cadres en transitions professionnelles ou de créateurs, je note chez les personnes intéressées par le portage salarial les mêmes hésitations de la part d’une majorité de personnes. D’un côté, l’envie de créer son entreprise ou au moins une activité indépendante. De l’autre, l’envie de sécuriser son avenir avec un emploi salarié normal.
Si le régime d’auto-entreprise a eu un grand succès depuis 6 ans maintenant, il n’a pas fondamentalement changé la donne en matière de création, puisqu’il s’agit au mieux d’un auto-emploi : je crée mon propre emploi pour sortir du chômage, pour tester une idée, pour compléter mes revenus. Même si cet emploi n’est pas salarié, la démarche s’apparente en partie à celle du portage salarial, sauf que dans ce cas il s’agira d’un auto-emploi salarié, une forme hybride d’emploi et de création.
Les français ont une préférence pour le salariat, le CDI, la protection contre le chômage, tout en ayant envie d’entreprendre. Ils déclarent même en majorité* que l’esprit d’entreprise représente une valeur positive qu’il faut encourager. Et, même si le portage salarial permet de combiner les deux besoins — indépendance et statut de salarié —, les mêmes questions me sont posées par un certain nombre de personnes : est-ce que le fait d’être en portage est un avantage ou un inconvénient pour une entreprise cliente ? est-ce que ça ne va pas m’empêcher de retrouver un emploi ?
De telles questions montrent une inquiétude pour se jeter à l’eau, comme si c’était un choix définitif, un changement professionnel radical. C’est oublier que ce que l’on “vend” c’est une compétence, un savoir-faire, au service d’un besoin soit d’un client soit d’un employeur. Par conséquent, ce qui apporte de la sécurité c’est le professionnalisme de la personne acheté par un client ou un employeur.
La question de savoir si on est fait pour entreprendre ou pas trouvera sa réponse à l’usage. Personnellement, je n’étais pas un entrepreneur en solo, mais associé et en équipe, d’où la préférence pour le format de société. Les circonstances m’ont amenées à avoir besoin du portage salarial. Celui-ci m’a donné l’occasion de continuer de travailler en équipe, puis de reprendre un poste permanent.
(*) selon le sondage « Les Francais & leurs entrepreneurs » de l’Institut Think pour CERFRANCE et Novancia à l’occasion du Salon des Entrepreneurs de Paris l'an dernier.