To be « Entrepreneur » or to be « Chef d’entreprise »

Sylvain PerretPar Sylvain Perret (contributeur exclusif)Objectif USA

Entrepreneur. Il ne se passe pas un jour sans qu’un article ne fasse état de débats sur la signification de ce mot. Et je vais en rajouter un !

D’abord, il est évident qu’il y a un effet de mode autour de l’entrepreneuriat, autour des startups, des levées de fonds. Si cette mode génère de l’activité et de la richesse, c’est tant mieux ! Que les étudiants actuels rêvent de créer leur boite plutôt que d’être fonctionnaires, c’est simplement génial ! Pour l’anecdote, en 1992, alors que j’avais 21 ans et que j’étais déjà dans le monde du travail, je me suis retrouvé invité à un repas de classe d’une formation « préparation aux concours de la fonction publique ». Je n’étais pas, mais alors pas du tout, dans mon élément ! Je me rappelle d’avoir posé la question à ma (charmante) voisine : « Qu’est ce que tu veux faire comme métier ? », la réponse fuse « je vais passer les concours et je verrais ». En fait, son ambition était d’être fonctionnaire. Autant je peux concevoir qu’on veuille être instituteur, infirmier, policier, voire secrétaire de mairie (tous sont fonctionnaires), mais fonctionnaire, en soi, ce n’est pas un métier !

Pour revenir à nos entrepreneurs, il y a, mon sens, un problème de linguistique ici. En janvier 2014, dans un article, Newsweek évoquait que la langue française n’avait pas de mot équivalent à Entrepreneur. Branle-bas de combat ! Huées ! Le mot entrepreneur est un mot Français ! Et bien, personnellement, je partage l’opinion de Newsweek dans le sens ou le mot entrepreneur a un sens différent en anglais et en français.

Définition issue d’un dico français

**Entrepreneur**

Nom masculin singulier

– celui qui entreprend quelque chose
– celui qui se charge de l'exécution d'une tâche (entrepreneur de menuiserie)
– (économie) celui qui dirige une entreprise, particulièrement de travaux publics
– (droit) celui qui s'engage à réaliser un travail pour le maître d'ouvrage

Définition issue d’un dictionnaire Américain

**Entrepreneur**

A person who organizes and manages any enterprise, especially a business, usually with considerable initiative and risk.

Je n’ai pas triché, j’ai pris les 1ers dictionnaires Français et Américains tels qu’ils apparaissent sur google. La différence n’est pas minime, elle tient à 5 mots : with considerable initiative and risk. Celui qui dirige une entreprise, est un « business owner » ou « business manager », pas un « entrepreneur ».

En France, dans le même concept on met l’entrepreneur en travaux public, le restaurateur, le chef d’entreprise voire le commerçant. Tout chef d’entreprise n’est pas un entrepreneur ! Certains le sont, d’autres non ! On peut être chef d’entreprise et être un gestionnaire et il en faut ! Cela n’enlève aucune valeur à ces personnes, mais on confond les genres. L’innovation vient des entrepreneurs, la croissance viendra de ceux qui, entrepreneurs dans l’âme, réinventeront leur métier. On voit des artisans innover en améliorant les méthodes, les outils, ce sont des entrepreneurs. Dans le même ordre d’idée, je vois souvent des E-Commerces considérés comme des startups… Pour moi, un E-Commerce est un commerce avant tout. S’il innove dans sa façon de mettre en relation le client avec le produit, par exemple, alors OK pour l’appeler une startup, sinon, c’est un commerce d’un genre nouveau, c’est tout (là, je crois que je viens de me faire des copains). Tout tient à la présence de « Considerable initiative and risk ».

Dans mes différents métiers, j’ai croisé beaucoup de chefs d’entreprises, d’artisans, de commerçants. J’ai rencontré assez peu de personnes que je qualifierais d’entrepreneurs, mais ceux-ci m’ont marqué. Ces gens avaient la foi, leurs projets leur collaient à la peau. Ils se défonçaient, sûrs de réussir. Aux USA, on a un mot pour ces gens : « over confident », en France on dirait « ego disproportionné », un trait mal plutôt mal vu dans l'hexagone où l'humilité est vertueuse. Or, c’est souvent ceci qui fait la différence. On peut être quelqu’un d’optimiste, mais devant la difficulté, se résigner. La personne over confident, continuera, contre vents et marrées avec la certitude de réussir ! En cas d’échec, l’optimiste y regardera à deux fois avant de redémarrer un projet, la personne over confident considérera que le marché n’était pas près pour son produit et lancera donc une nouvelle aventure, à nouveau sure de sa réussite. Et au final, ça paiera.

Heureusement que le monde n’est pas rempli que d’entrepreneurs, ce serait invivable. Chacun son profil, encore faut il être conscient de sa propre personnalité, savoir ce que l’on est prêt à sacrifier à sa réussite ou à la réussite de son « bébé ». Je me suis longtemps posé la question si je suis ou non un entrepreneur dans le sens anglo-saxon du terme. La réponse est non. Je suis un éternel optimiste, mais je suis très loin d’être over confident, et, clairement, je ne sacrifierais pas ce que j’ai pour quelque projet de ce soit. Je suis un chef d’entreprise, je crée de la valeur, à mon échelle, j’aide régulièrement d’autres personnes et ce statut n’entraine pas chez moi de rancoeur, de jalousie. Je n’ai pas raté ma vie car je n’ai pas créé de startup ni fait de levée de fonds (à part les nôtres). Par contre, je suis admiratif devant certains succès d’entrepreneurs français et j’espère que le système scolaire français évoluera afin à mettre plus en avant l’audace, l’initiative, la prise de risque pour que le potentiel de ces personnes soient surmultiplié !

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