Par Vincent Colot (chroniqueur exclusif) – Analyste financier
Problème : vous vous trouvez face à une population d’actions et vous cherchez un moyen efficace de déterminer quelles sont celles qui sont potentiellement prometteuses d’un meilleur rendement, sans prise de risque excessive.
Solution : procédez en trois temps : après un premier déblayage sur la base d’un critère unique, appliquez une méthode de « scoring » pour évaluer la qualité de chaque action et ensuite combinez tous les enseignements à en tirer.
A. Le critère de valorisation de référence est celui du ratio entre le cours de l’action et la valeur comptable des fonds propres, en anglais Price/Book Value ou P/B. Plus le P/B est faible et mieux c’est. A partir de votre population d’actions, sélectionnez les 25% affichant les P/B les plus faibles (à l'exclusion des BV négatives, à exclure du comptage) : ce seront les actions dites « bon marché » (BM).
B. Le « scoring » : à partir de l’échantillon d’actions bon marché sélectionné au point 1, calculez un « scoring » basé sur 10 indicateurs censés être annonciateurs de bonnes choses en matière de rendement futur. Il s’agit ici de tenter de trier les actions « véritablement » bon marché (là où le marché se trompe) de celles qui ne le seraient pas (bon marché parce que de mauvaise qualité).
1. Rentabilité : Rendement opérationnel sur le capital (en anglais : EBIT/(Net Working Capital + Net Fixed assets)) : si l'entreprise fait partie des 25% les plus rentables, 1 point ; sinon, 0
2. Variation du rendement sur l’actif total (Return on Assets) : comparer le dernier ROA annuel avec l'avant-dernier ROA : 1 point si plus élevé ; sinon, 0
3. Qualité bénéficiaire : comparer le rendement du cash flow opérationnel (en anglais : Operating CF Return on Assets) avec le ROA : 1 point sir CFROA > ROA ; sinon 0
4. Variation de l’endettement : comparer le dernier gearing annuel (dette à long terme sur actif total) avec l'avant dernier : 1 point si plus bas ; sinon 0
5. Variation du nombre d'actions : comparer nombre d'actions des deux dernières années : 1 point si moins d'actions ; 0 point si plus d'actions
6. Dépenses d’investissement : comparer le dernier Actif total annuel avec l'avant-dernier : 1 point si moins élevé ; 0, sinon
(Les points 5 et 6 partent du pré-supposé, un peu pervers mais souvent vérifié empiriquement, selon lequel une entreprise en croissance – plus d’actions et un total bilantaire en hausse – risque d’être moins efficiente pour les actionnaires).
7. Volatilité : si l'action fait partie des 25% les moins volatiles, alors 1 point, sinon 0
8. Liquidité : si l'action fait partie des 25% les moins liquides, alors 1 point, sinon 0
(Il y a une prime d’illiquidité qui se retrouve logiquement dans le cours ; évitez néanmoins les actions trop illiquides)
9. Taille : si l'action fait partie des 25% les plus petites (capitalisation), alors 1 point, sinon 0
(Plus une entreprise est grande et moins elle est susceptible de fournir un bon rendement)
10. Momentum : si l’action a mieux performé que son indice de référence sur les 12 derniers mois, alors 1 point, sinon 0
(Il y a, à court et moyen terme, une poursuite de la surperformance d’une action)
Calculez le scoring sur 10.
C. A partir de là, deux possibilités :
Ou bien, en considérant à égalité les actions BM déterminées au point 1, conseillez à l'achat les actions qui ont un scoring supérieur à 7 (alternativement, s'il n'y en a pas suffisamment pour votre usage, les plus hauts scores jusqu'à obtenir un nombre suffisant d'actions à l'achat).
Ou bien établissez un double ranking des actions BM et des résultats du scoring et combinez les deux à parts égales pour obtenir un nouveau classement : les 25% les mieux classés sont à l'achat (les autres ne bénéficiant que d’un conseil à conserver).
Attention : je n’affirme pas ici que cette méthode est parfaite, même si elle se base sur mon expérience d’analyste et sur des études académiques. En toute circonstance, avant d’acheter une action, même issue d’une telle procédure, analysez-la en profondeur et tentez de la valoriser de façon à mesurer l’écart entre son prix et sa valeur.