Une entreprise individuelle est-elle vraiment une entreprise ?

 Photo Patrick Rey by JLChaumet 600pixPar Patrick Rey (chroniqueur exclusif) - Consultant-Délégué ITG, premier groupe de conseil en portage salarial.

Xavier Niel, riche et célèbre entrepreneur, partage sa passion pour la création en investissant dans des start-ups, en développant une nouvelle forme d'incubateur(1) et en donnant quelques conseils frappés du bon sens qu'il a toujours eu. Pour lui, entreprendre est une aventure collective : une petite équipe pour créer, innover, même quand l'entreprise est devenue un grand groupe.

La conférence participative de Xavier Niel à Bordeaux ce vendredi 18 septembre était à l'invitation de Virginie Calmels(2), qui le connait bien au conseil d’administration d’Iliad. Interrogé surtout par quatre entrepreneurs locaux(3), il a rappelé que “la France est un pays fantastique pour créer une entreprise, que les jeunes peuvent se lancer sans hésiter et sans avoir à s'installer dans la Silicon Valley, où “les salaires sont certes trois fois supérieurs, mais le coût de la vie aussi, alors que les impôts sur les sociétés sont supérieurs et la qualité de vie inférieure”.

6EA5D33A-4AB1-48B6-90DE-865D53976F9ELoin de l'auto-dénigrement, Xavier Niel conseille de se concentrer sur le projet, en simplifiant les choses inutiles, en ignorant les freins. Ne pas regarder l'accumulation de difficultés car “une entreprise n'existe que si les hommes qui la constitue sont motivés par le projet, ont envie d'avancer, croient dans le projet”. Il ajoute … “et s'ils sont associés financièrement”, un des secrets du succès de Free. C'est une des raisons qui a permis à ce grand groupe de fonctionner comme une start-up, par exemple à l'occasion du lancement de la Freebox révolution puis de Free mobile, quatrième opérateur.

Car “dès que vous êtes plus de 5, 6, 7, 8, 15 personnes, vous n'êtes pas capable de créer un nouveau produit, au moins dans la phase de conception. Apple a créé l'iPhone avec pas plus de 20 personnes”. Après, le reste de l'entreprise est organisé de façon plus classique. Xavier Niel, souvent appelé le Steve Jobs français, ajoute qu'il a toujours été associé et continue de l'être dans diverses sociétés. Comme lui, il est décideur au final quant à la stratégie produit et marketing, ce qui a réussi aux deux. Comme lui, il n'a pas créé seul. Donc, l'aventure individuelle n'est pas vraiment une entreprise, qui au fond est un collectif d'associés et/ou de salariés.

Pour autant, Xavier Niel relève que nous avons en France beaucoup de dispositifs favorisant l'entrepreneuriat, comme “le statut d'auto-entrepreneur qui a permis de créer son propre emploi”. Sauf que, trop souvent, les auto-entrepreneurs du numérique sont des sous-traitants de sociétés ou de start-ups… et donc pas des entrepreneurs. Xavier Niel ajoute que l'entrepreneur bénéficie en France d'un financement indirect par les indemnités chômage. Sauf que l'entrepreneur ne cotise pas au chômage et n'aura pas ensuite de parachute en cas d'échec.

Il existe pourtant le portage salarial, statut encore un peu méconnu qui permet d'entreprendre et d'être salarié, de créer son propre emploi et de continuer de cotiser au chômage. Certes, l'entrepreneur porté n'est pas vraiment une entreprise, puisque l'entreprise au plan légal est celle qui prend en charge ses missions. Mais il reste autonome et peut même prendre la responsabilité d'une mission importante, en ayant des co-traitants ou sous-traitants, ce que ne peut pas faire l'auto-entrepreneur.

(1) La Halle Freyssinet

(2) Adjointe d’Alain Juppé, en charge de l'économie, de l'emploi et de la croissance durable, à la Mairie de Bordeaux, mais aussi ex-DG d’Endemol France. Elle est à l'origine du Conseil des entrepreneurs de Bordeaux, réunissant une trentaine d'entrepreneurs

(3) Julien Parrou de ConcoursMania, Christophe Chartier d'Immersion, Christophe Charle d'Imagescorp et Philippe Barre de l'écosystème Darwin

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