Par Nicolas Thébault (chroniqueur exclusif) – Expert des réseaux professionnels
« La parole vaut l’homme, où l’homme ne vaut rien » ce dicton reste applicable entre hommes d’honneur. Dans un monde aseptisé où toute forme de risque est contournée par un contrat juridique, il y a une place pour l’engagement et la fiabilité d’une promesse. Nous verrons pourquoi c’est si peu fréquent de nos jours, comment reconnaitre un interlocuteur sur qui compter, de qui se méfier et qu’elle attitude avoir dans les deux cas.
Beaucoup de personnes ont de nos jours une responsabilité vraiment très limitée, malgré parfois de très hautes fonctions. Mais alors pourquoi s’engagent-ils encore, plutôt que de s’avouer impuissants, maillon d’une chaîne qu’ils ne maîtrisent pas ?
Notre société à responsabilité limitée est née en partie de la taille des structures. La centralisation de nos administrations – malgré les tentatives récentes de donner plus de pouvoir aux dirigeants sur le terrain – et chez les « leaders mondiaux » de l’économie, qui cherchent à en faire (des économies), en visant la « taille critique ». Pour cela, ils fusionnent de tous côtés – avec en moyenne des gains boursiers rapides mais une destruction de valeur sur le long terme – tout cela dématérialisent les centres de décisions. Le Directeur d’usine n’est souvent plus qu’un pantin aux ordres des actionnaires, il est révocable à tout moment comme un vulgaire ministre 😉 et son équipe aussi. Rares sont ceux qui ont le mérite d’avoir crée ou repris une entreprise dont ils restent actionnaires majoritaires. Quand bien même, ils ne sont pas reconnus en France, comme des héros qu’ils sont pourtant. Les élus, souvent des personnalités très responsables mais parfois aussi des démagos. Ceux là tranchent dans le vif, désavouent les dirigeants fonctionnaires des services, pour alimenter les querelles partisanes au mépris de l’intérêt commun d’un territoire, pour ne servir finalement que leur propre égo.
Celles et ceux qui s’engagent pour de vrai. Vous les reconnaitrez facilement à la façon dont ils vous regardent dans les yeux en vous parlant, avec cette intensité qui traduit la profondeur de leur pensée et la valeur qu’ils attribuent à leur parole et par conséquent à la vôtre. Leur statut y est pour beaucoup. Sont-ils responsables de leurs actes juridiquement ou risquent-ils à tout moment de voir remis en cause leur décision par un président indélicat ? Dans ce dernier cas, auront-ils le cran et l’honnêteté intellectuelle de démissionner ? Vis-à-vis d’eux, ne prenez d’engagement quel qu’il soit, que si vous pouvez les tenir ou en tirer les conséquences rapidement. En cas de force majeure, prévenez les immédiatement afin de trouver une solution ensemble. N’essayer même pas de les tromper, ils ont un sixième sens et savent démasquer dans votre gestuelle et votre regard les signes précurseurs d’une indélicatesse. Si vous avez mis du temps à gagner leur confiance, elle peut s’évanouir très vite, d’autant qu’ils sont des sources réputées fiables pour les réseaux de qualité, tant dans un sens que dans l’autre, il en va aussi de votre réputation, toujours plus facile à défaire qu’à gagner.
Celles et ceux dont la parole n’engage que ceux qui les écoutent : C’est une caricature du politique, mais c’est vrai dans tous les domaines. Il suffit pour tester vos interlocuteurs de vérifier s’ils tiennent parole pour de petits engagements au quotidien. S’ils vous disent, promis je vous rappelle demain et que vous attendez toujours 3 jours après, c’est mauvais signe, surtout si cela se répète. En général ils sont coutumiers du fait et si vous ne pouvez compter sur eux pour des actes anodins, il y a des chances qu’il en aille de même pour des affaires plus délicates pour vous. Il y a trois façons de réagir à cela. La première est de passer votre chemin quand c’est possible. La seconde est de savoir à quoi s’en tenir à leur sujet, en ne remettant jamais entre leurs mains un dossier important pour vous. La troisième est de leur faire remarquer chaque fois les conditions du manquement à un engagement et si possible de prévoir par contrat des pénalités. S’il vous arrive d’être pris dans les griffes de voyous, je vous offre ce conseil très utile reçue d’un coach : souriez leur en disant d’accord tout en pensant dans votre fort intérieur, je t’aurais un jour, je t’aurais …
« Marche ta parole » est un proverbe sud américain que j’ai volontiers adopté. Si comme moi, votre passé familial militaire vous amène à placer l’engagement et le respect de la parole donnée au dessus de tout, ne soyez pas trop rigides la dessus. Restez souples comme disent mes enfants. Soyez droits avec ceux qui le sont à votre égard, pour les autres, souriez et utilisez la touche « poubelle » pour des combats qui n’en valent pas la peine.
