Par Bertrand Duperrin – Consultant en Management
A priori la réponse est simple : faire des bénéfices et pour des raisons diverses : celui qui crée son activité le fait tout de même le plus souvent pour gagner sa vie autrement que par le salariat d’une part, et parce qu’une entreprise qui perd de l’argent de manière structurelle et systématique est une entreprise qui va à sa perte.
La réalité est plus complexe et je pense que chacun peut trouver sa propre réponse à cette question. Question Ô combien capitale car c’est de savoir et de comprendre le but d’une entreprise qui permet de déterminer à la fois ce qu’elle est et ce qu’on veut qu’elle soit, en deux mots sa stratégie.
La religion que je me suis fait en la matière est empreinte de management industriel, de rentabilité financière et de prise en compte du facteur humain (ce qui ramène par ailleurs à mon premier article ici et permet d’en comprendre pour partie l’inspiration).
Au début de ma réflexion un cours de management industriel lors des mes études à l’ESC Bordeaux. A ceux qui trouvaient le fonctionnement d’une usine rébarbatif à intégrer, notre professeur de l’époque avait conseillé une lecture : Le But, de Eliyahu M. Goldratt. Il ne s’agissait ni plus ni moins que d’un traité de management présenté sous la forme d’un roman qui m’a aidé à appréhender (et même apprécier) des concepts qui vus sous l’angle purement théorique m’étaient relativement indigestes. Le concept m’a tellement plu que je me suis procuré par la suite divers ouvrages du même auteur. A chaque fois le même principe : la résolution d’une problématique d’entreprise présentée sous la forme d’un roman. C’est à la fois pointu et pédagogique…donc indispensable.
Tout cela pour dire que mes convictions quant à la question posée sont en partie fondées sur ce que j’ai appris de « Réussir n’est pas une question de chance », enrichi par la suite de mon expérience personnelle.
Une entreprise évolue dans un milieu de contraintes : d’abord son métier qui dicte ses activités, ses concurrents, ses salariés, ses actionnaires… Son but est donc de satisfaire à la fois toutes ces contraintes. Et je dis bien à la fois : si les actionnaires ne sont pas satisfaits ils peuvent décider la fin de l’activité, si l’activité est mal définie on sort de son domaine de savoir faire, si les salariés sont mécontents la production s’en ressent, si les clients son mécontents le chiffre baisse… la faillite de l’entreprise sur une de ces contraintes influe sur les autres par un effet de domino : dès qu’une contrainte n’est pas respectée se créent les conditions entrainant des difficultés à en satisfaire d’autres : on ne gagne pas d’argent avec des salariés démotivés, on ne paie pas ses salariés sans bons résultats financiers, pas de bons résultats sans un bon produit en phase avec le marché…on peut continuer ainsi longtemps.
Je résume : le but d’une entreprise est donc « gagner de l’argent , satisfaire ses salariés, satisfaire le marché, le tout aujourd’hui et demain ». Définir les moyens d’atteindre ces trois objectifs différera selon le contexte de chaque entreprise. Faire le lien entre le contexte et ces objectifs n’est rien d’autre que définir une stratégie. Voilà qui donnera quelques pistes à un entrepreneur en quête de visibilité stratégique : il n’est d’autres buts à atteindre que ceux-ci, mais il faut les atteindre tous les trois. Et on se rend compte que l’Homme a autant d’importance que le produit au final.
Ceci dit en passant, observer la performance d’une entreprise sous les angles cumulés finance/produit/humain cela a des airs du désormais à la mode « Balanced Scorecard » non ? Comme quoi il doit y avoir du vrai là dedans !