Par Bertrand Duperrin (chroniqueur exclusif) – Consultant en Management
Entreprendre n'est, quoi qu'il en soit, pas une chose aisée. Et comme vous l'avez sans doute entendu avoir une bonne idée ne suffit pas, il faut savoir la mettre à execution, ce qui nécessite des moyens qui ne sont pas toujours facile à acquérir (surtout par les temps qui courent), et de savoir s'entourer de personnes d'expériences (si possible meilleures que soi). Ajoutons à cela qu'entreprendre fait sortir certains de leur zone de confort ce qui n'est pas à proprement parler une bonne chose et que, parfois, c'est même à regret qu'on quitte une entreprise qu'on aime pour aller créer ailleurs ce que souvent on ne pouvait faire en interne.
Bref on peut avoir une bonne idée, avoir envie de construire quelque chose, sans pour autant pouvoir réunir les moyens de le faire ou tout simplement être la bonne personne pour créer quelque chose en partant de zéro. En effet, au delà de la mise à exécution du plan il y a le fait de créer, faire grandir, et administrer une structure humaine et juridique qui est la partie ingrate du travail, chronophage, et à l'importance trop souvent négligée au départ). N'y a t-il point de salut pour les nombreuses personnes qui se retrouvent dans ce cas ? Il semble que oui, et dans beaucoup plus de situations qu'on ne le pense.
La liste des entreprises parties de rien qui ont fini par créer un produit, de l'emploi et au final de la valeur est immense. Mais un nombre croissant d'analyses convergent pour dire que les projets qui, en valeur absolue, ont eu les résultats les plus flagrants viennent des grandes entreprises. Enfin de certaines. Derrière l'image traditionnelle du grand groupe lourd, peu innovant, souvent pris en défaut par des "petits" plus agiles capables d'exploiter plus vite une idée, une innovation de rupture, certains de ces géants ont mis en place en leur sein les outils organisationnels, managériaux et financiers permettant de soutenir l'intrapreneuriat.
De quoi s'agit il ? De permettre à ses salariés de se comporter comme des entrepreneurs mais au sein de l'entreprise. L'objectif étant de leur faire bénéficier de la structure de celle-ci, de ses moyens, de son cadre en les protégeant de son inertie. Le meilleur moyen de capter la part de fibre entrepreneuriale qui existe chez certains tout en diminuant le risque de part et d'autres. Intéressant pour le salarié comme pour l'entreprise qui se donne les moyens de tirer le meilleur du potentiel de chacun et se protège contre une perte possible de talent et d'opportunités. Combien d'entreprises sont un jour amenées à acheter, parfois à prix d'or, une jeune pousse montée par ses anciens collaborateurs qui n'avaient pu réaliser leur projet en interne (ou pire…voient l'entreprise de leurs anciens collaborateurs rachetée par un concurrent) ? Cela laisse à réfléchir.
Certains se verront en serial intrapreneur, repartant régulièrement d'une feuille blanche pour créer un nouveau business….au sein de leur entreprise. Pour d'autres, ce sera la répétition ultime avant d'aller enfin créer leur entreprise (avec une expérience que les investisseurs sauront valoriser). Et contrairement à ce qu'on peut penser, il y a de nombreuses entreprises qui sont ouvertes à ce genre de projet, pour peu qu'on arrive avec une idée solide, un business plan qui tienne la route…tout comme s'il s'agissait d'une vraie entreprise à créer.
Pour les autres, celles qui ne conçoivent pas ce type de pratiques, que dire sinon qu'elle ratent quelque chose tant au niveau de la conservation de leurs salariés qui ont la fibre entrepreneuriale qu'au niveau de la mise en place de ce qui sera peut être leur business de demain. Dommage.