Depuis un peu moins d’un an maintenant, la French Tech connait une période de vache maigre en matière de financement. Les investisseurs sont de moins en moins généreux, ce qui contraste avec les deux années précédentes durant lesquelles plusieurs milliards d’euros ont été injectés dans les start-ups innovantes. Néanmoins, la French Tech ne s’est pas écroulée et plusieurs opérations de levée de fonds sont toujours au programme pour ce second semestre 2023.
Un premier semestre en berne
Les investisseurs ont clairement levé le pied durant les opérations de financements des start-ups de la Tech. Ces six premiers mois de 2023, les études ont montré une chute brutale des apports financiers de la part des investisseurs, avec notamment un total de 1,36 milliard d’euros levés entre janvier et mars, trois fois moins en comparaison avec l’exercice 2022 sur la même période. Pire : les tours de table de série B (50 millions d’euros et plus) se raréfient, tandis que les opérations de série C (100 millions d’euros et plus) ont tout simplement disparu des radars.
Pour preuve, la French Tech enregistrait 85 opérations de série B au premier trimestre 2022, là où il n’y en a eu que 9 à la même période pour cette année 2023. Cette chute s’est poursuivie tout au long des trois mois suivants, et le bilan pour le premier semestre 2023 est donc sans appel: 395 opérations de levée de fonds pour un total de 4,26 milliards d’euros débloqués (soit un ticket moyen de 11 millions d’euros), contre 362 opérations bouclées en 2022, pour un total de 8,4 milliards d’euros (un ticket moyen de 23 millions d’euros).
Les séries C ont quasiment disparu
Cette chute des financements pour les acteurs de la French Tech s’est surtout fait ressentir au niveau des montants levés. En effet, la France n’a enregistré que 7 opérations de levée de fonds de série C depuis le début de l’année pour un total de 975 millions d’euros levés, contre 23 opérations enregistrées sur la même période l’année dernière, avec un total de 3,6 milliards d’euros.
Cela s’explique en partie par l’attitude des investisseurs qui souhaitent temporiser et voir les fruits de leurs précédents investissements. Cette baisse de la ferveur chez les investisseurs s’est exprimée très tôt chez nos voisins américains, tandis que l’Europe n’en a fait les frais que fin 2022 début 2023.
Un cercle vicieux et un fort retrait des investisseurs étrangers
Deux principales causes ont été pointées du doigt par les analystes pour expliquer la situation actuelle. D’abord, Frank Sebag du cabinet de conseil EY, avance la conséquence d’un cercle vicieux entre la hausse des taux d’intérêt et la baisse des valorisations des start-ups : « La hausse des taux d’intérêt fait baisser le rendement et la valorisation des entreprises cotées, et ce qui se passe en Bourse impacte mécaniquement le non-côté, car la Bourse est l’un des horizons de sortie des investisseurs dans la tech. De fait de la chute des valorisations les introductions en Bourse se raréfient, ce qui pousse les investisseurs au repli, surtout pour le financement du growth (opération de série C visant à accélérer la croissance des start-ups), car l’horizon de sortir s’assombrit. Ils ne savent plus valoriser les grosses startups ni combien investir dedans ». Enfin, la majorité des tours de table réalisés en France se faisaient avec le concours des investisseurs étrangers, notamment américains, qui ont pratiquement déserté le marché de la French Tech.
Pour sauver les meubles, les investisseurs se sont rapidement tournés vers les opérations d’amorçage de projet, plus sûr et moins gourmande en termes de financement. Cela s’est traduit par une progression du nombre de tours de table entre 0 à 10 millions d’euros pour un total de 282 opérations, mais aussi des opérations de financement comprises entre 10 et 20 millions d’euros (56 opérations).