Par Vincent Colot (chroniqueur exclusif) – Analyste financier
La rentrée de septembre, c’est un peu comme la nouvelle année. Pour beaucoup d’entre nous, gonflés à bloc après une période de repos ou de fêtes, de nouvelles résolutions prennent forme dans nos cerveaux « remis à zéro ».
Même s’il est de notoriété publique que de telles résolutions ne franchissent généralement pas le cap du premier mois d’existence, mieux vaut ne pas vous laisser aller à des divagations trop extravagantes, surtout lorsqu’il est question de votre épargne et de vos placements.
Prenons un exemple.
Imaginons un instant que vous ambitionnez tout à coup de trouver les actions qui vont le mieux performer en Bourse au cours de la prochaine année. Ah, je le vois bien, votre large sourire gourmand à cette perspective … Est-ce réaliste ? Sans doute que non. Quand bien même, ne serait-il pas dangereux de vouloir s’approcher de cet objectif ?
Connaître systématiquement à l’avance les 25 actions internationales de grande capitalisation qui signeront la meilleure performance au cours de l’année … Un chercheur américain a simulé cet exercice sur les 50 dernières années. Résultat : un rendement annuel moyen (en dollars) de quelque … 80% ! Bien entendu, une telle performance basée sur une exacte préscience relève du fantasme : celui qui aurait ainsi investi 1 million de dollars en 1963 aurait détenu l’équivalent de la capitalisation boursière mondiale dès la 27e année.
Il n’empêche. N’y a-t-il pas des caractéristiques communes à ces actions performantes, susceptibles d’aider les investisseurs à guider leurs choix ? Sont-ce des actions spécialement bon marché ? Non. Sont-ce des actions caractérisées par une grande qualité des fondamentaux (rentabilité, évolution du chiffre d’affaires, etc.) ? Non. Ont-elles déjà bien performé les mois précédant leur inclusion en portefeuille (fort momentum) ? Non. La réalité est cruelle. Ces actions de rêve ne présentent aucun point commun entre elles. Leur parcours boursier hors du commun repose sur des éléments qui ne sont en aucune manière prévisible, du moins avec une certaine constance dans le temps.
Mais qu’en est-il des actions qui, à l’inverse, ont le moins bien performé chaque année ? Un exercice similaire, toujours sur 50 ans, se solde par un rendement négatif (en dollars) de 50% par an. Est-ce là également le hasard qui préside ? Moins que dans le cas précédent car près d’un tiers de ces actions très décevantes sont caractérisées par une très forte valorisation.
Morale de l’histoire ? Si votre stratégie d’investissement vise à trouver les « meilleures » actions de l’année suivante, vous finirez probablement frustrés, voire amèrement déçus. Car, par manque d’une méthodologie éprouvée à la hauteur de cette ambition, vous vous serez sans doute laissés tenter par des actions d’entreprises aux très (trop) belles perspectives et donc, le plus souvent, très chères. L’expérience le montre : la moindre déception qui touche ce type d’actions se solde par des baisses souvent très sensibles de leur cours. En Bourse, le parcours impeccable n’existe pas et vouloir vous approcher du soleil, tel un Icare des salles de trading, vous expose à de grands risques. Recherchez plutôt une performance moins flamboyante mais plus régulière.