Petite chronique boursière : Epargner ou investir ?

Vincent_colotPar Vincent Colot (chroniqueur exclusif) – Analyste financier

Une récente étude a pointé un fait inquiétant : dans plusieurs pays européens, affectés par les politiques dites d’austérité, la capacité moyenne des ménages à épargner est orientée à la baisse. Et, sans surprise, les régions traditionnellement fragiles sur le plan économique souffrent plus que d’autres. Ainsi, dans la Wallonie belge, d’où je viens, cette capacité se situe même à un niveau sensiblement inférieur à la moyenne européenne, soit aux alentours de 8% du revenu disponible contre 13%. Ce qui fait craindre aux auteurs de cette étude des difficultés pour de nombreux ménages (dont certains n’épargnent pas du tout) à, à la fois, traverser un nouveau choc économique majeur, s’il devait survenir, et à continuer à se constituer un pécule suffisant en vue des vieux jours.

Cette crainte est bel et bien fondée. Car si, dans les pages de la presse économique et financière, l’accent est plutôt mis sur les rendements attendus (et les risques y afférents) des différents types de placements, il n’en demeure pas moins qu’avant d’investir, il faut épargner. Ou, plus exactement, il s’agit de combiner épargne et investissement tout au long de la vie (active).

Mais la question se pose : faut-il surtout épargner ou bien investir ? En fait tout dépend de votre âge et de votre propension à accepter le risque.  Voici la règle de base à avoir à l’esprit. Plus vous épargnez/investissez tard dans la vie, plus vous êtes tributaire de votre capacité d’épargne pour vous constituer un capital disponible à l’âge de votre retraite. Plus vous vous préoccupez tôt de ce sujet, plus le niveau de risque que vous êtes prêt à assumer peut favorablement compenser un niveau relativement modeste d’épargne. Pourquoi ? Tout simplement en raison de la théorie des rendements composés, qui peut ainsi se résumer : “Les petits ruisseaux, se renforçant les uns les autres, finissent par constituer de grandes rivières”. 

Prenons un exemple, tiré d’une simulation : un individu, partant d’un revenu annuel de 35000 EUR à 25 ans, voyant son salaire progresser de 3% par an et épargnant/investissant chaque année 6% de son salaire à un rendement annuel moyen de 6% , se constituerait sur 40 ans un capital de quelque 492000 EUR. S’il n’avait commencé qu’à 55 ans, il n’aurait amassé dans des conditions équivalentes que 76000 EUR. Bien entendu, rares sont ceux qui peuvent épargner aussi tôt dans la vie (à 25 ans) et nous connaissons davantage de personnes qui, une fois les enfants partis, peuvent enfin penser à se constituer un bas de laine à la cinquantaine passée. Mais ces exemples sont là pour indiquer l’impact de l’âge. Poussons plus loin sur cette base pour illustrer l’arbitrage entre l’épargne et l’investissement. Notre jeune de 25 ans, ayant donc 40 ans devant lui, se verra davantage récompensé de prendre plus de risque (visant par exemple un rendement annuel de 10%, ce qui, notez-le bien, n’est pas si simple, avec toujours 6% de son revenu épargné chaque année) qu’à épargner davantage (disons 10% de son revenu à 6% de rendement) : dans le premier cas, il récoltera à 65 ans près de 1260000 EUR et dans le second, “seulement” près de 820000 EUR. Pour le “senior” de 55 ans qui s’y prend donc un peu tard (il n’a plus que 10 ans), sa capacité d’épargne est prépondérante : en prenant plus de risque aux mêmes conditions, il n’atteindra que 91000 EUR – et il s’exposera alors à toute baisse brutale des marchés – alors qu’en épargnant davantage, il peut viser près de 127000 EUR. Pourrait-il, dans un cas extrême, compenser son retard au démarrage et viser un capital équivalent à celui auquel il aurait pu prétendre en commençant à 25 ans ? Il devrait alors viser un taux de rendement totalement irréaliste, du moins avec des produits de placement traditionnels. Il peut toujours jouer le tout pour le tout via un investissement dans une petite entreprise encore inconnue et dont il espère un développement fulgurant en 10 ans. Mais rares sont ceux qui réussissent ce genre de coup.

Epargnez et investissez donc !

Et le plus tôt vous vous y mettrez, au mieux vous vous porterez !

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