Par Valérie Weill (chroniqueur exclusif) – Consultante et accompagnatrice en création/développement d’entreprise
Dernièrement, je me suis mise à réfléchir sur le thème : comment équilibrer vie professionnelle et vie privée ?
Comment entreprendre de chez soi et équilibrer vie privée et vie professionnelle ? Comment afficher un sourire ultra-brite en permanence, des cheveux nickels, des enfants nickels, une maison nickel, …et plein d'autres choses toutes plus nickelles les unes que les autres ? Personnellement, je cherche, mais je n'ai pas encore trouvé une méthode efficace pour tout concilier… J'ai donc décidé de faire des petits arrangements avec mon goût pour le perfectionnisme.
Mais histoire d'illustrer ce petit billet d'humeur, je me suis repassée en film ma journée de travail, ou plutôt mes journées de travail… Et je dois reconnaître que ce n’est pas un must en matière d’équilibre.
Comme beaucoup d’entre nous, j’ai démarré ma journée tôt et un peu dans le brouillard (je ne suis pas étanche sans un grand café), j’ai préparé le petit-déjeuner pour tout le monde, levé ma puce chérie encore toute endormie, puis après avoir petit déjeuné et aidé ma fille à se laver, s’habiller, elle est partie à l’école à 7h20 (arghhh, son école est très loin…), emmenée par mon homme.
Une journée de travail banale
A 8h30, j’ai attaqué ma journée dans une maison calme et silencieuse devant mon Mac, avec le tour de mes emails, la liste de tout ce que j’ai à faire, puis la liste plus raisonnable de ce que je peux faire pour la journée par ordre de priorité et d’importance.
J’ai donc pêle mêle rédigé et tapé 5 devis, préparé deux factures, vérifié la compta de la semaine, travaillé à la conception d’un séminaire de formation, passé 1h10 au téléphone avec une partenaire aux prestations complémentaires pour mettre au point des modalités de collaboration et de rétrocession d’honoraires, Puis, je me suis acharnée sur Quark X-Press pour améliorer la mise en page d’une fiche de présentation en maudissant mon imprimante qui me laissait des marges monstrueuses sur les bords sans que j’arrive à la paramétrer. Interrompue ensuite par un appel de mon cher et tendre – pour me parler des modifications de son emploi du temps du lendemain (son cours de chant est décalé d’une demi-heure) et de deux ou trois petites nouvelles du bureau – auxquelles j’avoue avoir prêté une oreille distraite. Résultat des courses, déconcentrée, j’ai scratché mon doc et perdu le fil des modifications que j’étais en train de faire.
De la difficulté à rester concentrée chez soi…
Après un rapide déjeuner sur le pouce, re-café (pour éviter la torpeur post-prandiale…) et je m’y remets. Mais voilà qu’en allant chercher un document dans une autre pièce, un tee-shirt posé sur une chaise me rappelle que je n’ai toujours pas étendu la lessive et que nous pourrions finir par manquer respectivement de petites culottes et de caleçons, ce qui est un tantinet gênant. Donc, parenthèse par rapport aux recherches sur le net que j’étais en train de faire, et priorité à la lessive. Or, en étendant celle-ci dehors, mes chats (Sushi, Mimi et Bidou – cela ne s’invente pas) ne trouvent rien de plus drôle que d’aller mettre une raclée collective et musclée au chat du voisinage. Résultat : un quart d’heure perdu à essayer de les faire rentrer et des feulements enragés dans tout le pâté de maison, sans compter les regards noirs de la voisine. Je décide de fermer les fenêtres pour ne plus les entendre. A peine la fenêtre fermée, Dring, téléphone, une amie m’appelle visiblement avec un air de s’ennuyer ferme chez elle : je lui propose de la rappeler à un autre moment pour être plus disponible pour elle. Je veux avancer dans mon travail de la journée. Et ce n’est pas parce que je bosse de chez moi que je suis disponible dans la journée. Dans la journée, je travaille comme tout le monde !
Je m’y remets – avec un certain agacement – et continue finalement à avancer mon petit bonhomme de chemin, tout en me faisant une remarque aux passages sur les moutons que je commence à voir se former sous la table. Oui, zut, le week-end dernier, je n’ai pas fait le ménage car j’ai bossé pour terminer mon programme de travail et tenir les délais. Je me rattraperais dès que possible. Wonderwoooomannnn, wooonderwooomann, je l’étriperais bien celle-là !
18h45, je relève à nouveau la tête de mon écran, un éclair de conscience vient de me rappeler à l’esprit qu’il n’y a plus rien de rien dans le frigo. J’entends déjà ma fille en rentrant me dire « alors ce soir, on remange des pâtes ? » Vite, vite, c’est l‘heure de filer au supermarché du coin et d’aller acheter, puis de porter comme un baudet les courses, de les ranger en quatrième vitesse tout en répondant à un client qui appelle tardivement…
La deuxième journée commence !
Ma fille rentre alors à la maison et c’est un peu comme la tornade blanche, mais en plus énergique… Nous l’appelons d’ailleurs très affectueusement Duracell – en alternance avec Idéfix.
Sur la table (je n’ai pas de pièce à moi où travailler), elle pose ses derniers dessins parmi mes dossiers étalés et commence à farfouiller dedans. Stop, je mets le holà, fonce sur mes cahiers, dossiers et pages et range le tout en pile quelque part. Je viens de commencer ma deuxième journée de travail : aide et vérification des devoirs, le bain et la revue des petits bobos, le pyjama, et hop la préparation du dîner avec ma puce qui me raconte par le menu toutes ses dernières chamailleries avec les copines de l’école. Pendant qu’elle me raconte tout cela, des flashs me traversent la tête : « mais oui, tu n’as pas fini de taper ce devis là, tu aurais dû appeler l’URSSAF aujourd’hui, il faudra vérifier que tu as bien intégré les dernières modifications sur le busines plan que tu travailles en ce moment avec ton client »,… je peux continuer encore longtemps, la liste est toujours longue…
Le grand comité jubile !
Le grand comité là-haut n’arrête plus et s'en donne à coeur joie, alors que je sais pertinemment que le temps que je passe le soir doit être de qualité avec ma fille et mon compagnon, afin de ne pas mériter le titre de mère indigne l’année prochaine au mois de juin et d’épouse en solde en juillet.
Je demande donc au grand comité de me laisser tranquille et je détourne les yeux de la pile de dossiers posés plus loin.
Je devrais attendre que ma fille soit couchée et endormie (c’est-à-dire avec un peu de chance vers 21h15) pour me remettre – éventuellement – si je sens que cela n’énerve pas trop mon homme – à retravailler, une fois la maison au calme. Ce qui m’amène en général vers 23h30, avec les yeux qui se croisent.
Voilà, c’est à peu près comme cela tous les jours, car je n’ai pas les moyens d’avoir une personne pour m’aider à faire le ménage, les courses, la cuisine, ranger, penser à passer chez le teinturier, penser à emmener ma puce se faire vacciner, … Bref, je n’ai pas de femme à la maison… mais un travail qui me passionne et qui me permet de m’épanouir et de réaliser concrètement quelque chose, dont j’espère bien que le fruit profitera bientôt à mes deux amours.
Dites-moi, chères consoeurs, vous jonglez comme moi vous aussi ?