Le marché européen des microprocesseurs de calcul intensif est sur le point de connaître un grand bouleversement. En effet, la start-up française SiPearl va bientôt commercialiser ce qui sera le premier microprocesseur européen dédié au supercalcul. Pour ce faire, SiPearl a bouclé récemment un tour de table de 90 millions d’euros auprès d’investisseurs privés et européens. Gros plan sur cette opération qui va secouer le marché mondial des microprocesseurs.
Une levée de fonds de Serie A de 90 millions d’euros
Le 5 avril 2023, la start-up française SiPearl a réalisé un tour de table de 90 millions € en vue de lancer la commercialisation de son microprocesseur optimisé pour le calcul haute performance (HPC pour High Performance Computing) dès 2024. Parmi les principaux acteurs de cette opération de financement, on retrouve l’État français via French Tech Souveraineté, la banque européenne d’investissement et l’Union européenne par l’intermédiaire de l’European Innovation Council Fund (EIC Fund).
Ces derniers ont à cœur de revaloriser le marché européen des microprocesseurs grâce à des projets de financement tels que celui dont SiPearl a pu bénéficier. En plus de ces trois grands investisseurs, la société britannique de propriété intellectuelle de semi-conducteur ARM ainsi que le constructeur français de supercalculateur Atos. À terme, l’opération devrait permettre à l’Europe de répondre à ses propres besoins en matière de microprocesseurs de calcul intensif.
Jusqu’à présent, ce sont les industriels américains Intel, AMD et Nvidia qui alimentent le marché européen des microprocesseurs HPC.
Un levier de développement pour SiPearl
Avec cette opération de financement, la start-up française SiPearl fondée en 2019 compte bien faire bon usage de ces fonds afin de permettre son développement et la commercialisation de son microprocesseur baptisé Rhea. Ce petit bijou de technologie est composé de 60 milliards de transistors intégrés dans une puce de 70 x70 mm, et sera essentiellement fabriqué par le Taïwanais TSMC, spécialiste dans les semi-conducteurs.
Une fois commercialisé, le microprocesseur sera ouvert à tous les accélérateurs de calcul, et cela grâce à un partenariat conclu entre SiPearl et Nvidia, AMD, Intel et Graphcore. Pour son lancement, SiPearl avait déjà bénéficié d’un financement d’une valeur de 20,5 millions d’euros, ce qui lui a permis de se lancer et d’embaucher 130 personnes, dont 90 en France.
SiPearl ambitionne de renforcer ses effectifs, et compte recruter 160 personnes en France, portant ainsi ses effectifs à 250 salariés d’ici la fin 2023. D’autres levées de fonds pour SiPearl d’un montant de 200 à 250 millions d’euros sont prévues dans les deux années à venir.
Plusieurs financements restent à venir
SiPearl espère attirer davantage d’investisseurs tout au long de cette phase de développement. Philipe Notton, PDG et fondateur de la start-up, prévoit d’atteindre le palier de 1 000 collaborateurs à la fin de l’année 2025. Les observateurs sont plus optimistes quant à l’avenir de la start-up originaire des Yvelines. C’est le cas notamment de Jean-Michel Deligny, conseiller chez SilverPeak, la banque d’affaires qui a mené le tour de table de SiPearl.
Ce dernier déclare notamment que sur le milliard d’euros que l’EuroHPC alloue au financement des recherches sur les microprocesseurs, SiPearl peut espérer en capter la moitié. Selon lui, la start-up sera rentable d’ici 5 ans.
