La start-up française Luko tire sa révérence suite à son rachat par le géant allemand de l’assurance Allianz. Ce rachat est l’aboutissement de nombreuses opérations réalisées depuis que Luko avait été placé en redressement judiciaire par le tribunal de Bobigny, en novembre dernier. La start-up fondée en 2018 continuera ses activités désormais sous le pavillon allemand.
Allianz achète Luko pour 4.3 millions d’euros
Six ans après sa création, la start-up française opérant dans la néo-assurance Luko ferme ses portes et déménage dans les locaux de l’assureur allemand Allianz. C’est à la barre du tribunal de commerce de Bobigny que la transaction d’achat par le géant allemand a été actée pour un montant de 4,3 millions d’euros, loin de la première offre annoncée par Allianz en octobre 2023 : 14 millions d’euros (8 millions d’euros pour le prix d’achat et 6 millions en reprise de dettes) ; plus éloigné encore de la valorisation de Luko en 2020 qui culminait alors à 250 millions.
Un rachat qui sonne comme la fin d’une longue épreuve pour les 113 salariés de la start-up français, qui travailleront tous sous les commandes d’Allianz dès à présent. Les précédents contrats d’assurance habitation de Luko seront également repris par Allianz Direct.
Du rêve au cauchemar
Luko était l’une des start-ups leaders du secteur de la néo-assurance en France, et avait su attirer la sympathie de nombreux grands investisseurs (Orange Ventures, EQT Ventures, SpeedInvest, etc.). À son apogée, Luko jouissait d’une valorisation de plus de 250 millions d’euros, et elle a d’ailleurs profité du boom des investissements en 2022 pour acquérir deux de ses concurrents : Coya et Unkle. Une acquisition qui signera pourtant sa perte, étant donné que la levée de fonds ayant permis ce double achat a été annulée, laissant Luko avec une dette de 12 millions d’euros envers les actionnaires d’Unkle (selon une clause du contrat). Dès lors, la start-up déplore alors des pertes de 19 millions et 45 millions d’euros de dettes, forçant ses dirigeants à lancer une procédure de sauvegarde auprès de la justice commerciale.
Entre temps, l’assureur britannique Admiral Group s’était proposé pour racheter Luko, avant de se rétracter cinq mois plus tard, enfonçant davantage la jeune start-up française dans une situation déjà très compliquée. L’avant-dernier acte de cette tragédie se jouait en octobre 2023, alors qu’Allianz proposait son offre de rachat de 14 millions d’euros, offre rejetée cette fois par le tribunal de commerce de Bobigny. Résultats des courses : Luko est placée en redressement judiciaire.
Au final, le rachat de Luko par Allianz Direct semble être un heureux dénouement pour la start-up française, qui avait peut-être eu les yeux plus gros que le ventre. Un proche du dossier partage son point de vue sur ce qu’aurait pu devenir Luko si elle avait pu boucler une ou deux levées de fonds supplémentaires : « Luko faisait 50 millions d’euros de primes par an à son apogée, mais si la société avait atteint la barre des 100 millions d’euros, cela aurait été rentable, et même bien plus qu’un assureur traditionnel, car Luko coûte moins cher, avec un meilleur niveau de service et un faible niveau de sinistralité parmi les assurés. Il a simplement manqué de temps pour atteindre cette masse critique ».