Par Pascal Houillon (contributeur exclusif) – Fondateur de l’Institut Sage et Président de Sage en France
La dernière étude présentée par Ciel-CCI-Entreprendre en France et le Salon des Entrepreneurs consacre le fort capital de sympathie et de confiance dont jouissent les créateurs d’entreprise auprès des Français.
Pour une très large majorité d’entre eux, l’entrepreneur participe en effet activement au développement économique de leur région (89%), et assure le renouvellement des emplois de demain (86%). Dans plus de 80% des cas, l’entrepreneur est également perçu comme un modèle de courage et un exemple pour les jeunes générations.
Dans l’esprit des sondés, le patron de PME ou de TPE se distingue nettement des dirigeants de grand groupe, auxquels 70% des sondés disent ne pas faire confiance…Il s’en distingue aussi en ce qu’il est perçu comme plus proche des économies locales et des problématiques du terrain.
Un plébiscite pour les entrepreneurs ! D’instinct, le corps social semble comprendre que son propre bien-être est fonction de la réussite de ces hommes et femmes qui prennent des risques pour créer des emplois et de la richesse.
Cœur battant d’un écosystème où se croisent collaborateurs, clients, fournisseurs, investisseurs, jeunes candidats à l’embauche, pouvoirs publics et groupes de pression divers, l’entrepreneur est aussi perçu, à juste titre, comme l’observateur averti et le commentateur pertinent d’une société perpétuellement en mouvement, dont il est l’un des premiers acteurs. Car pour être performant et gérer au mieux son entreprise, la première des qualités de l’entrepreneur doit être d’anticiper les mutations de nature à impacter son métier : innovations technologiques, évolutions normatives, contexte sociopolitique, tendances…
Capacité d’anticipation donc, mais aussi dynamisme, créativité, innovation, prise de risque, force de travail, sens de l’effort et des responsabilités, vision… Les valeurs et vertus que l’on prête à l’entrepreneur ne sont-elles pas finalement celles d’une économie performante et d’une société meilleure vers laquelle on ne doit jamais cesser de tendre ? Bien au-delà de son entreprise, nul doute que l’entrepreneur porte aussi une partie de l'ambition de la société elle-même.
Et pourtant… Si l’entrepreneur est porté aux nues, il ne fait pas tant d’émules : seuls 6% des personnes interrogées disent se préparer actuellement à créer leur entreprise. Il faut croire que tous pressentent les épreuves qui attendent l’entrepreneur, notamment la charge, immense, d’assumer les espoirs placés en lui par l’ensemble de la société, renforcée par le contexte de crise actuel.
Les responsabilités sont donc lourdes. Trop lourdes pour un seul homme ? Ne charge pas tes épaules d'un fardeau qui excède tes forces, disait le poète Horace. Plus que jamais, j’invite les entrepreneurs à échanger et à partager leurs expériences pour ne pas concentrer sur leurs épaules, certes larges, la totalité d’une pression parfois trop forte et contre-productive.