Par Jérôme Gayet (contributeur exclusif) – Fondateur B.D.C
Avec 580 193 créations d’entreprise1, et un bond de 75% par rapport à l’année précédente, l’année
2009 est, sur le plan quantitatif, un grand cru pour l’entrepreneuriat en
France.
Certes, le nouveau statut d’entreprise simplifié –
l’auto-entrepreneur – a fortement contribué à cet élan entrepreneurial sans précédent ;
il représente, à lui seul, 320 000 créations d’entreprise. Et, depuis
quelques jours, Hervé Novelli, Secrétaire d’état chargé des PME, ne cache plus
sa satisfaction en annonçant, avec fierté, que les auto-entrepreneurs
pèseraient déjà un milliard d’euros de chiffre d’affaires !
Nicolas Sarkozy aurait-il finalement réussi son pari, à
savoir insuffler un esprit entrepreneurial à notre « vieille
économie » encore pétrie de corporatismes et de rigidités ?
Pourtant, l’engouement actuel pour la création d’entreprise
pose question alors que nous sortons péniblement d’une crise économique,
généralement synonyme, dans l’hexagone, de repli sur soi et d’immobilisme.
Les Français auraient-ils décidé de « travailler plus
pour gagner plus » selon l’expression consacrée ? Les
auto-entrepreneurs seraient-ils ces anciens « travailleurs au noir »
désormais encouragés à légaliser leur activité ? De nombreux chômeurs
auraient-ils préféré « saisir leur chance » en développant une activité
indépendante plutôt que de rechercher un emploi dans un marché du travail
atone ?
Les raisons de cet engouement sont certainement multiples et
encore mal cernées ; elles révèlent, à minima, que le statut
d’auto-entrepreneur répond à une attente forte d’une partie de la population active
à la recherche d’indépendance et d’aventure entrepreneuriale.
Que de chemin parcouru par les mentalités françaises en
quelques décennies ! L’entrepreneur n’est plus cet « Homme en
gris » 2 décrit jadis par Yvon
Gattaz, mais un chef d’entreprise reconnu dont on envie désormais l’audace et
la réussite avérée ou à venir.
Ces chiffres prometteurs doivent néanmoins être interprétés
avec la plus grande prudence. Sur les 320 000 auto-entrepreneurs,
100 000 restent étonnamment inactifs quelques mois après leur création.
Par ailleurs, le chiffre d’affaires impressionnant d’un milliard d’euros,
exhibé par Hervé Novelli, est à relativiser : il correspond à un chiffre
d’affaires moyen de seulement 3 150 € par auto-entrepreneur. Sans vouloir
sous-estimer l’ampleur du phénomène auto-entrepreneur, il importera donc de
mesurer, dans la durée, autant le volume des créations d’entreprise que le
chiffre d’affaires généré.
Si créer une entreprise devient plus facile, la développer
s’avère beaucoup plus difficile dans un contexte économique défavorable !
Choyés au moment de la création, l’entreprise et son dirigeant doivent ensuite
affronter souvent seuls « la haute mer » et passer le cap symbolique
de la troisième année. Effets de seuil, absence de formation, raréfaction des
aides publiques,…les obstacles au développement se multiplient vite alors que
l’entreprise devrait réaliser son envol.
A ce stade critique de son développement, le chef
d’entreprise se trouve ainsi confronté à des enjeux colossaux pour lesquels il
est rarement formé ou accompagné : affiner le modèle de croissance, prioriser
les projets de développement, améliorer l’exécution, recruter les salariés
adéquats… autant d’éléments pourtant indispensables pour croître
durablement !
Au-delà de la baisse progressive du dispositif public d’aide
aux entreprises, le chef d’entreprise, faute de ressources, fait également
trop souvent l’impasse sur un accompagnement relevant de la sphère privée.
Qu’il soit externe (conseil, coaching…) ou interne (recrutement d’un
responsable développement par exemple), cet accompagnement offre au chef
d’entreprise la possibilité de gagner en clairvoyance et de poser de solides
jalons quant au développement futur de son entreprise.
En 2010 et au-delà, le gouvernement actuel gagnerait donc à
focaliser davantage sa politique économique sur l’aide au développement des
« jeunes pousses » après la phase d’amorçage (un à deux ans). Ce sont
effectivement ces futures « gazelles » 3
qui dynamiseront l’économie française et lui permettront de regagner des parts
de marché à l’international. Ce sont, elles seules, qui compenseront réellement
les destructions d’emploi massives des grandes entreprises industrielles.
1 Source INSEE
2 « Les Hommes en
gris », Yvon Gattaz, Robert Laffont, 1970
3 PME en forte
croissance employant moins de 250 salariés

Bonjour Jérôme,
Ce qui est clair, c’est que l’auto-entreprise permet à des milliers de français de découvrir les joies 🙂 de l’entreprise. Et c’est hyper positif.
ça me fait penser qu’il faut que j’écrive un article la-dessus sur http://www.business-angel-france.com
Cordialement.
Patrick
Jérome,
En tant qu’entrepreneur, je fais partie de ceux qui s’inscrivent dans ce mouvement, cette pulsion créatrice qui marque notre société, en réponse à de nombreuses questions sans réponses et au désengagement de l’Etat providence.
J’encourage personnellement cette contagion entrepreneuriale à la lumière de mes experiences(www.bruno.rousset.com.
Cordialement,
Bruno
Jérôme,
J’encourage personnellement cette contagion entrepreneuriale à la lumière de mes experiences.
Cordialement,
Bruno
http://www.brunorousset.com
Ne doit-on pas y voir un marché gigantesque pour du conseil simple,très opérationnel et sur-mesure pour toutes ces nouvelles petites entreprises qui naviguent à vue?… Il serait intéressant d’étudier le dimensionnement d’une offre de service de conseil et d’accompagnement pour des très petites entreprises. Le low-cost du conseil peut-il exister?…
Bruno et Thomas,
Merci pour vos commentaires !
Je partage vos convictions pour l’entrepreneuriat et j’ai le plaisir de vous annoncer en avant première la parution prochaine d’un livre sur la thématique du business development.
L’élan créateur est l’élément déclencheur de nombreuses aventures entrepreneuriales et on ne peut que se féliciter de voir cet élan se développer dans notre société française.
En revanche, l’élan « croissance durable » est plus rare comme Bruno le rappelle très justement sur son blog.
J’ai donc décidé d’écrire un livre expliquant ces freins et surtout proposant des clefs pour inscrire durablement l’entreprise dans le cercle vertueux de la croissance. A paraître début mai aux éditions Eyrolles.
Thomas,
Le low cost du conseil, j’y crois sans y croire.
Voilà les 4 initiatives qui me permettent de faire du low investment (je préfère à low cost) offrant à mes clients un max de ROI :
– Un livre à paraître début mai aux éditions Eyrolles : une quarantaine de business cases pour aider les entrepreneurs à s’approprier à leur tour des modèles de croissance qui ont fait leurs preuves
– La formation : j’interviens principalement auprès de futurs jeunes diplômés (dernière année, spécialisation entrepreneurship : centrale, Edhec…)mais les besoins sont réels pour des entrepreneurs qui ont quitté depuis un certain temps le monde universitaire.
– Un programme que j’ai lancé récemment : le Biz Dev Coaching (coût 2 900€). 5 RDV de 2 heures env. répartis sur 3 à 6 mois. Chaque RDV fait l’objet d’un rapide compte rendu et surtout d’un plan d’actions pour l’entrepreneur coaché.
– Facturation au « success fee » sur la croissance future de l’activité : sur certains projets, je propose d’être rémunéré au succès dans un espace temps compris entre 1 et 3 ans.
Voilà 4 initiatives qui me permettent de proposer des prestations de qualité à des start-up sans mettre en péril leurs finances.