Manger plus pour devenir plus gras ?

Gilles MartinPar Gilles Martin (chroniqueur exclusif)Président fondateur de PMP et fondateur de Youmeo

Le dernier livre de Simon Sinek, celui qui nous avait appris que, pour lancer son business et prospérer, il fallait commencer par le « Why » plutôt que par le « What », a pour titre « The infinite game ». Infinite game, car le « game of business », le jeu des entreprises, n’est pas un jeu fini, mais justement un jeu infini. Or, nombreux croient jouer dans un jeu fini : ils veulent être le meilleur, le leader, gagner des parts de marché. Autant d’objectifs qui montrent qu’ils croient être dans un jeu fini, avec des gagnants et des perdants. Être le leader, oui, mais pendant combien de temps ? Et selon quels critères ?

Inversement, prendre conscience du jeu infini, ou il ne s’agit pas de gagner, mais de rester dans le jeu, est le secret des entreprises qui durent. C’est une question d’état d’esprit.

Et pour avoir cet d’esprit, il faut avoir pour son entreprise, pour son projet, ce que Simon Sinek appelle « une juste cause ». Une juste cause, c’est une raison d’entreprendre et de venir travailler qui est supérieure à toute envie de « gagner ». Cette juste cause ne se confond pas avec le « Why » dont nous a déjà parlé Simon Sinek. C’est plus que ça. Le « Why », vient du passé, c’est ce qui explique l’origine de l’entreprise, l’histoire de la naissance de l’entreprise. La juste cause, c’est l’histoire de son futur. Elle décrit où nous voulons aller, le monde que nous voulons contribuer à créer, et notre engagement pour aider à bâtir ce monde de demain. Tout le monde a un « Why », une personnalité originelle, c’est quelque chose comme un ADN, qui ne change pas. Alors que tout le monde n’a pas une juste cause. Le « Why » est comme les fondations d’une maison, le point de départ. La juste cause est la vision idéale de la maison que nous voulons bâtir. Nous pouvons passer une vie à bâtir cette maison idéale, sans jamais qu’elle soit vraiment finie. Et au fur et à mesure que cette maison prend forme progressivement, elle inspire de plus en plus de gens, des employés, des clients, des partenaires, à venir rejoindre cette juste cause, et à continuer le travail.

Pour identifier que l’on tient une juste cause, il faut vérifier qu’elle bénéficie d’abord à des personnes qui ne sont pas seulement ceux qui ont contribué à l’entreprise qui l’a créée. Ainsi, être leader, c’est d’abord apporter des bénéfices aux dirigeants et actionnaires, mais ce n’est pas un bénéfice particulier aux clients et à la société. Ce n’est donc pas une juste cause.

Il en est de même quand l’objectif de l’entreprise, que le dirigeant croit être sa juste cause, à tort, est résumé par un mot : la croissance, auquel il peut ajouter croissance rentable. Voilà exactement les mots de celui qui se croit dans le jeu fini. On gagne car on a de la croissance. Mais la question de la juste cause, c’est : la croissance, pour quoi ?

Bien sûr la croissance peut être un élément nécessaire à la poursuite de la juste cause, mais on voit bien pourquoi elle est insuffisante. C’est comme de justifier d’acheter une voiture pour pouvoir acheter plus d’essence. Une entreprise ne peut se décrire uniquement par la volonté de faire de la croissance, comme quelqu’un qui expliquerait qu’il mange pour devenir plus gras. Cela correspond à tous ceux qui continuent à pousser cette envie de croissance, sans se poser la question du sens qu’ils veulent donner à cette croissance. On sent bien que ces gros mangeurs qui mangent pour devenir gras vont avoir des problèmes de santé. Et dans ces entreprises, c’est la culture elle-même, le bien être des collaborateurs, qui vont être touchés. Car la croissance, dans le jeu infini, n’est jamais qu’un résultat, non une cause. Si nous pensons que l’argent ou la croissance est notre cause, la  nous avons toutes les chances de sacrifier les autres, ou la cause elle-même de l’entreprise, pour protéger d’abord nos intérêts propres, sans nous préoccuper du reste.

Et puis, la croissance n’est jamais infinie, tous les ballons éclatent à un moment ou à un autre. Et alors, avec nos ballons crevés ou dégonflés, en manque de juste cause, c’est la panique, la perte de sens, l’angoisse.

Voilà une bonne raison de lire Simon Sinek pour retrouver la juste cause qui nous mènera loin, et attirera les talents, au-delà des objectifs de court terme qui nous font croire que le jeu est un jeu fini, alors que nous sommes dans le jeu infini.

A nous de jouer.

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