La start-up française Okomera annonce avoir bouclé son premier tour de table. D’un montant total de 10,2 millions d’euros, cette levée de fonds a pour objectif de lancer la production de son dispositif de traitement et de prédiction des réponses aux traitements contre le cancer.
Une première pour la biotech parisienne
C’est en 2020 que la start-up Okomera voit le jour à Paris. Cette biotech spécialisée dans la lutte contre le cancer est le fruit de la collaboration de l’Institut Pasteur et de l’École Polytechnique de Paris. La start-up développe notamment un dispositif médical permettant de tester et d’étudier les effets des traitements anticancéreux (chimiothérapie, thérapie cellulaire, thérapie combinée) sur des cellules issues de biopsies tumorales. Sa machine créée pour cela des répliques miniatures de chaque tumeur sur une puce microfluidique.
Le dispositif, alimenté par l’intelligence artificielle, réalise ensuite une analyse des réponses des cellules cancéreuses par rapport aux différents traitements utilisés. « L’IA analyse les données que nous générons. Elle calcule des scores d’efficacité et suggère des combinaisons de thérapies », explique Sidarth Radjou, CEO et cofondateurs de la start-up Okomera. La levée de fonds doit permettre en partie « d’améliorer sa technologie pour passer en phase industrielle la construction de sa machine », poursuit le CEO, avant de conclure : « Cette technologie de rupture, fruit de sept années de R&D, repose aujourd’hui sur 4 brevets internationaux. »
Établir un score d’efficacité
D’après les statistiques, la première ligne de traitement d’un cancer est un échec pour 50% des patients soignés. Une solution consiste à « développer plus de médicaments parce que seuls 200 sont aujourd’hui approuvés sur tous les types de cancer, mais surtout il faut savoir quel traitement donner à quel patient », selon toujours Sidarth Radjou. Le dispositif développé par Okomera permet de cultiver des cellules cancéreuses pour ensuite tester sur chaque réplique (appelée organoïde) différents traitements.
L’IA prend le relais et effectue des analyses d’images et de séquençages, à l’issue desquelles le logiciel d’Okomera produit un score d’efficacité pour chaque traitement selon le type de cellule cancéreuse. Pour ces tests, Okomera collabore avec le Cancer Research UK Cambridge Institute ainsi qu’avec le centre européen de lutte contre le cancer, le centre Gustave Roussy. Les données recueillies permettent d’améliorer la recherche contre le cancer, en aidant en parallèle les industries pharmaceutiques dans l’élaboration de médicaments efficaces, sans passer par les tests sur animaux.
Okomera vise le marché américain d’ici 2029
La levée de fonds de 10,2 millions d’euros a été menée par Résonance, Polytechnique Ventures, Berkeley Skydeck ainsi que quelques business angels historiques de la start-up. Ce financement va permettre à Okomera de passer à une production à l’échelle industrielle de sa machine de test, en vue de le proposer à la location (via un système d’abonnement) auprès des laboratoires de l’industrie pharmaceutique.
Ensuite, Okomera vise les hôpitaux à qui la start-up commercialisera son dispositif de diagnostic. Enfin, la biotech vise le marquage CE ainsi que son équivalent américain, afin de proposer sa solution dans toute l’Europe et sur le marché outre-Atlantique.