Par Jérôme Gayet (contributeur exclusif) – Fondateur B.D.C
La France, à l’image de l’Europe, est confrontée à une sortie de crise autant délicate que douloureuse. Délicate car le rebond économique, tant espéré depuis 2009, ne s’est pas produit révélant tant le caractère structurel de cette crise que le changement de l’équilibre économique mondial, les grands pays émergents affichant des croissances de leur PIB trois à cinq fois supérieures aux nôtres. Douloureuse car la facture du plan de relance ajoutée aux déficits structurels de nos régimes sociaux amputera, pour les années à venir, nos marges de manœuvre financières et notre croissance économique.
La France a donc cruellement besoin d’un sursaut économique national !
Et la réponse ne se situe malheureusement pas dans les futurs plans de rigueur que les français devront s’imposer mais davantage dans la montée en puissance de l’entrepreneuriat. Pour cela, la fièvre entrepreneuriale, qui a gagné notre pays ces dernières années, doit-elle rapidement s’amplifier pour dynamiser durablement notre économie.
Cinq raisons principales militent dans ce sens et devraient encourager les gouvernements actuels et futurs à intensifier les efforts entrepris pour encourager la création et le développement des entreprises :
- L’entrepreneur sait qu’il doit compter sur lui-même pour développer son activité : son salut ne dépend pas des aides publiques même si des initiatives de type OSEO accompagnent positivement les PME dans leur croissance.
– L’entrepreneur possède, par nature, le sens des réalités : il ne cherche pas à défendre un statut ou une corporation et devrait ainsi mieux appréhender les réformes indispensables à la survie de notre système social.
– L’entrepreneuriat accroit la flexibilité de l’économie : les grandes entreprises ont intérêt à s’appuyer sur des prestataires pour mieux absorber l’évolution de leur volume d’affaires. Cette flexibilité fait largement défaut au modèle français en comparaison du modèle américain ultra-flexible ou du modèle en réseau développé dans les pays émergents performants.
- L’entrepreneur cherche aussi à créer de la valeur en développant son activité. La nouvelle génération d’entrepreneurs se place volontiers dans une dynamique de monétisation de la valeur créée via une cession partielle ou totale de leur entreprise. Nombreux sont ceux qui réinvestissent alors une part conséquente de leur fortune acquise, dans des start-up. Inspirés par les Business Angels américains qui ont investi dans de futures « pépites » californiennes, ils jouent un rôle positif dans le financement des jeunes entreprises. Les sommes réinvesties s’avèrent parfois colossales, à l’exemple du fonds personnel – doté de 100 millions d’euros – lancé en 2010 par Marc Simoncini, fondateur de Meetic.
– Les très nombreux auto-entrepreneurs constituent un levier important de croissance pour notre économie. Si l’Etat crée des conditions favorables à leur développement, de véritables entreprises émergeront déclenchant ainsi un phénomène vertueux sur l’économie : création de valeur puis d’emplois.
Malheureusement, les efforts entrepris ces dernières années ne suffisent pas ! Si le processus de création d’entreprise a été largement facilité, les entreprises en développement sont rapidement confrontées à des lourdeurs administratives qui brident indéniablement leur croissance : effets de seuil, fiscalité de plus en plus complexe, RSE, directives européennes… les obstacles sont encore trop nombreux et détournent le chef d’entreprise de son rôle premier, le développement de son entreprise.
Au regard des enjeux, n’est-il donc pas urgent d’organiser un « Grenelle de l’entrepreneuriat » ? Réunissant les associations professionnelles et les « think-tank », ce Grenelle permettrait de repenser l’écosystème entrepreneurial français et de stopper, en général, notre déclin économique, et en particulier, la perte de compétitivité de nos PME à l’export.