Par Olivier Soudieux (contributeur exclusif) – Réalisateur de rêves
J'ai traversé l'Himalaya à pied durant un an. En
partant, j'avais devant moi l'immensité de l'Himalaya, et des cartes
topographiques. La montagne, était la réalité du terrain, le monde véritable.
Qu'est-ce qu’une carte topographique ? C'est une abstraction : une représentation de cette réalité.
J’étais aussi l’heureux possesseur de savoirs,
savoir-faire et savoir-être. Et j’avais -comme chacun- une perception de mes
capacités. Ce périmètre, cette représentation mentale des compétences
personnelles, c'est notre carte des compétences.
Tout comme la carte topographique n’est pas la
montagne, la carte des compétences, n'est pas nos compétences. C'est la
représentation que nous en avons. Et cette perception délimite un certain
périmètre au delà duquel nous pensons ne pas être en capacité de faire, quelles
que soient nos compétences réelles.
En expédition, comment décide-t-on de s'orienter
au long court ? Avant tout en fonction de la carte topographique, donc en
fonction des représentations du monde. Et comment évalue-t-on nos capacités ?
Avec notre carte des compétences, donc notre représentation de celles-ci.
Utilité et limites des cartes.
Est-ce qu’une carte topographique aide à
s'orienter pour traverser l’Himalaya à pied ?
En conférence, même devant des assemblées de
plusieurs centaines de managers, le oui approche en général l’unanimité. Ma
réponse avec l’expérience : " Cela dépend… si elle est juste !
(1)"
Est-ce que notre carte des compétences nous aide
à être performants ? Nous aide-t-elle à être sereins ? Même réponse !
D'où l'intérêt d'avoir chaque carte aussi
conforme et précise que possible L'une pour bien orienter nos pas, l'autre pour
orienter justement nos décisions.
Décalages entre carte des compétences et
compétences réelles : les risques.
Celui qui croit posséder des capacités qu’il n'a
pas va s'aventurer… sans conscience de son absence de contrôle. Une exposition
inutile à des dangers. Pour lui-même, les activités dont il a la
responsabilité, son entreprise.
A l’inverse, si sa carte des compétences n'inventorie qu'une partie des aptitudes
dont il dispose, il agit à performance bridée.
Performant et serein grâce à sa carte des
compétences
Pour être performant et serein, le premier
challenge est donc de disposer d'une carte des compétences aussi exacte que
possible, permettant de savoir où l'on se situe et dans quelles conditions
(physique, psychologique…).
Le second enjeu est de ne pas confondre sécurité
et confort excessif : il pourrait être tentant de se restreindre à
l'espace des compétences que l'on sait totalement maîtrisées. Or, la précision
et la justesse d’une bonne carte des compétences procurent la sécurité
nécessaire à l'aventure au delà de son périmètre connu, grâce à une prise de
risque maitrisée. Une opportunité à ne manquer sous aucun prétexte !
Cette démarche active et en pleine conscience
permet d’expérimenter de nouveaux possibles, d’accroître ses compétences,
repousser sereinement ses limites. Donc d’accéder à de nouvelles performances.
Une attitude positive qui peut se
cultiver au point de devenir une évidence : elle est d’ailleurs le
quotidien en expédition !
La nouvelle performance constatée, ne reste qu’à
mettre à jour sa carte des compétences… et reproduire !
(1) Carte, définition (au sens de la nôtre pour traverser l'Himalaya) : " Outil qui contribue – un peu – à aider à s'orienter, avec l'aide – fondamentale – du hasard ! "