« Petite chronique boursière  » : Ne pas confondre saine paresse et sotte précipitation

Vincent colotPar Vincent Colot (chroniqueur exclusif) - Analyste financier

Vous me connaissez : en Bourse, comme dans d’autres disciplines, je suis régulièrement le premier à préconiser la « saine paresse ».

Qu’est-ce à dire ?

Tout simplement que le monde financier est à ce point complexe qu’il est inutile de vouloir réinventer la roue avant chaque virage. Si des esprits brillants ont réfléchi avant vous et ont démontré l’une ou l’autre vérité résistant à l’air du temps, il ne serait pas raisonnable de ne pas en profiter. Encore faut-il garder un minimum de sens critique et ne pas sur-interpréter des résultats.

Ah bon, comment ça ?

Considérons le très fameux « effet janvier » selon lequel la performance boursière en janvier (du moins aux Etats-Unis) constitue une solide indication de l’évolution des marchés pour les 11 mois suivants. Ainsi, un bon mois de janvier laisse augurer en moyenne une bonne année boursière (et réciproquement).

Après un S&P 500 accusant une perte sèche en janvier (-3,6%), l’investisseur doit-il nécessairement prendre ses jambes à son coup et fuir la Bourse en 2014 ?

Non !

Michael Cooper, qui enseigne la finance à l’Université d’Utah, a longuement étudié l’effet janvier. Certes, cette stratégie de « market timing » a fait ses preuves : ainsi, depuis 1973, lorsque le S&P 500 a grimpé en janvier, il a connu une hausse moyenne de 11,2% les 11 mois suivants. A l’inverse, le gain moyen n’est que de 0,2% dans le cas contraire. Mais, primo, il ne faut pas faire dire aux chiffres davantage que ce qu’ils disent : ainsi, si on considère une période encore un peu plus longue, soit depuis 1945, la Bourse américaine a tout de même monté 56% du temps, de février à décembre, après une baisse en janvier. C’est moins bien que la fréquence de 84% lorsque janvier est positif. Mais, sur cette base, on a tout de même plus d’une chance sur deux que la Bourse reste bien orientée après une perte en janvier. Et, secundo, personne n’a encore pu donner une véritable raison (argumentée) à l’existence de cet effet janvier. Se pourrait-il qu’il ne soit que le résultat du … hasard ? Le hasard est très souvent le nom que l’on donne à notre ignorance mais cette hypothèse ne peut être totalement écartée. Dans ce cas, tirer une quelconque conclusion de l’évolution du marché en janvier serait bien … hasardeux.

Dès lors, que faire ?

Quitter le marché sur la seule foi de l’effet janvier n’est sans doute pas une bonne idée. Mais si vous considérez que l’environnement macro-économique reste incertain et que la Bourse américaine, à ses niveaux actuels, reste fragile et donc susceptible de connaître une contraction plus ou moins violente, alors il ne serait pas idiot de rester prudent après ce mois de janvier négatif. Comment ? En gardant quelques cartouches de liquidités et en évitant les actions les plus risquées ou les plus survalorisées … A bon entendeur …       

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