Par Patrick Rey (chroniqueur exclusif) - Consultant-formateur, Délégué Régional ITG (Institut du Temps Géré), premier groupe de conseil en portage salarial.
Le fantasme du généraliste se rencontre assez souvent chez les porteurs de projet de toute nature : création d'activité de prestation de service, conseil RH, informatique ou autre. Comme une bonne vidéo vaut mieux qu'un long argumentaire, je vous propose de suivre la réponse que faisait il y a quelques jours un spécialiste de l'accompagnement des créateurs à la question d'un candidat au régime d'auto-entrepreneur. Et ce qu'il dit s'applique aussi bien aux services B2C assurées par les entreprises individuelles qu'aux services B2B assurés par les sociétés disposant d'un kBis et d'une assise plus solide*.
La sagesse populaire se méfie de la personne qui sait tout faire… et rien faire. Qui trop embrasse, mal étreint ! A trop vouloir ajouter de gadgets pour avoir un couteau-suisse, on risque fort de ne jamais ouvrir la boite qui avait juste besoin d'un seul outil, mais le bon ! Ce fantasme du généraliste — du multiservice, comme dans la question de la salle posée à l'intervenant qui répond dans la vidéo — est également habillé avec des expressions du style “compétences variées”, “large spectre d'interventions”, “multi-métiers”, “consultant généraliste”, etc. Les mots employés trahissent une double angoisse : celle de la personne auto-centrée, qui se comporte comme si elle cherchait un emploi, et celle de la feuille blanche.
Cette double angoisse doit devenir une double priorité : aller vers les autres, construire sa stratégie. Il lui faut d'abord explorer son marché, rencontrer des clients potentiels, des collègues, des concurrents, pour pouvoir ensuite se concentrer sur une offre dé-banalisée, en bref de se positionner en réponse à des besoins clairement identifiés, qu'ils soient exprimés par les clients ou révélés par le créateur. Puis, il lui faut écrire sa stratégie, son modèle ou son plan d'affaires, si on préfère parler “in French dans le texte”. Ceci est indispensable pour un banquier, si on le sollicite pour un financement de départ. Ceci est demandé par la personne ou l'entité qui souvent accompagne, guide ou conseille le créateur. Ceci est nécessaire, de toutes façons, si on veut mettre toutes les chances de son côté, afin de ne pas se retrouver dans l'importante proportion d'entreprises qui ne décollent jamais ou qui meurent prématurément.
(*) Cette société peut soit être celle du créateur qui saute le pas tout de suite ou celle qu'il rejoint pour faire porter son activité le temps de lui donner toutes les chances de décoller ensuite, ainsi que le font les EPS (Entreprises de Portage Salarial) les plus professionnelles et les plus durables. Lire aussi “Créer son entreprise de conseil avec le portage salarial, c'est possible, facile et sécurisant”.