Stratégie et stratagèmes

Gilles MartinPar Gilles Martin (chroniqueur exclusif)Président fondateur de PMP et fondateur de Youmeo

C’est dans « L’art de la guerre » de Sun Tzu que l’on trouve cette formule de « vaincre sans combattre » qui constitue la stratégie de victoire la plus souhaitable.

Mais comment faire pour vaincre sans combattre ? Deux voies sont proposées par Sun Tzu :

  • Limiter les exigences de votre adversaire en recourant à des négociations diplomatiques,
  • Réduire la force de votre adversaire en recourant à la stratégie et l’affaiblissant de l’intérieur.

Ainsi la stratégie est ce qui permet d’agir sans recourir à la force. En d’autres termes, il s’agit de vaincre avec sa « tête » plutôt qu’en usant de la force.

Dans notre monde moderne, dans la compétition avec les concurrents, les volontés de l’entrepreneur de conquérir les clients et de faire réussir sa start-up, dans les ambitions du consultant de convaincre les prospects de ses services, la coercition et la force ne sont pas de mise. C’est pourquoi la stratégie trouve ses domaines d’application.

L’ouvrage écrit par un anonyme, « les 36 stratagèmes », véritable traité de stratégie, écrit au cours de la dynastie Ming (1366 à 1610), est ainsi, encore aujourd’hui, considéré comme une référence pour élaborer des stratégies.

Cette conception de la stratégie consiste à perturber l’entendement de « l’ennemi » et à altérer sa vision. C’est cette action de « tromper les autres » qui s’appelle stratégie. Les 36 stratagèmes sont en fait des modèles de ruses qui permettent de gagner.

IL ne s’agit pas de choisir un stratagème et de s’y tenir, ni de piocher au hasard. L’ouvrage considère le monde comme un cham d’énergie dynamique, au mouvement et au flux continus, dans lequel les circonstances peuvent appeler une stratégie à un moment donné, puis une autre après, en fonction des changements dans l’environnement. Sachant qu’une stratégie peut elle-même entraîner des changements dans les stratégies des autres, et donc inspirer une nouvelle stratégie.

Les 36 stratagèmes sont répartis en 6 fois 6 dans six stratégies génériques :

  • Stratégies de victoire au combat : Même si l’on possède une puissance supérieure vous ne devez pas vous persuader que les chances de victoire ne sont que de votre côté. Un moment de négligence peut entraîner une défaite irrévocable.
  • Stratégies d’engagement contre l’ennemi : Lorsque vous vous engagez dans des hostilités contre l’ennemi, vous ne devez montrer aucune faiblesse. Il s’agit de tirer avantage de la faiblesse de l’ennemi, et de planifier l’extension de votre base.
  • Stratégies d’attaque : Dans une situation où la bataille implique de faire face à un adversaire supérieur en nombre, vous devez éviter de se lancer tête baissée dans le combat. Ce sont les ruses qui font gagner. Excellent chapitre pour les start-up.
  • Stratégies des situations ambigües : Lorsqu’attaque et défense s’enchaînent au rythme d’un pas en avant, un pas en arrière, et que l’issue de la guerre devient incertaine, vous devez élaborer une nouvelle stratégie ou tactique pour vous assurer de la victoire. C’est la souplesse qui permet de gagner sur la fermeté.
  • Stratégies des batailles unifiées : Lorsque des pays alliés s’unissent pour combattre, il ne faudrait pas que s’en remettre exagérément à ces nouveaux partenaires sous prétexte qu’ils sont des alliés. Vous devez user de fermeté pour conserver votre position de leader et commander d’une main de fer. Voila six stratagèmes pour bien gérer ses alliances et partenariats.
  • Stratégies d’une défaite annoncée : Même lorsque vous vous retrouvez dans une situation désespérée, il n’est pas conseillé de vous résigner à combattre jusqu’à la mort. Partout où il y a une volonté, il y a une solution. Dans les situations désespérées il vaut mieux fuir : Une retraite judicieuse aujourd’hui peut amener la victoire demain.

Toutes ces stratégies sont faites de prudence et d’anticipation.

Dans des situations de compétitions, et de jeu concurrentiel, elles peuvent nous aider. Et aussi pour mener des simulations de « Wargames » ( http://gillesmartin.blogs.com/zone_franche/2017/09/wargame.html ).

Un exemple : prenons la stratégie 20, dans la série « Stratégies des situations ambigües » : Agitez la surface de l’eau, attrapez le poisson.

Cette stratégie est celle où la victoire est obtenue en profitant du désordre interne de l’adversaire. Et s’il n’y a aucun désordre, l’objectif est de créer la confusion. Cette stratégie consiste à repérer les différentes forces et factions chez l’adversaire, et prendre pour cible celle qui montre le plus de signes de faiblesses.

On a compris : les 36 stratagèmes nous enseignent les ruses et compréhensions des situations concurrentielles et des déséquilibres sur nos marchés.

De quoi s’en inspirer pour nos mouvements stratégiques et la compréhension des mouvements et actions possibles des concurrents, des partenaires, des alliés.

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