Et s’il était désormais possible de « louer » ou de « prêter » des salariés expérimentés à d’autres entreprises ? À la manière du Mercato, le marché des transferts de sportifs professionnels, un programme éponyme vient d’être lancé par la Bpifrance en partenariat avec France Industrie. L’objectif est d’encourager le développement des start-ups évoluant dans la Deeptech grâce au Transfert de compétences.
Les grands groupes à la rescousse
Le secteur de la Deeptech est un vivier de profils aux talents et aux compétences incomparables. Pour autant, les start-ups évoluant dans ce secteur ont bien du mal à se développer, surtout au niveau du déploiement de leurs solutions à l’échelle industrielle. Afin de répondre aux besoins de ses start-ups en matière de compétences-clés, la Bpifrance et France Industrie ont élaboré un programme baptisé Mercato. Le Mercato a pour ambition de booster le marché de la Deeptech en France, en permettant aux start-ups « d’engager » à court terme des profils de collaborateurs ayant des compétences clés en matière d’industrialisation qui travaillent déjà pour le compte de grands groupes.
En d’autres termes, le Mercato, les grands groupes transfèrent « leurs joueurs » chez les jeunes pousses et les start-ups de petites envergures souhaitant passer à l’étape supérieure de distribution et de développement de leurs produits/services, le tout à des coûts largement moins contraignants. Pour le lancement du Mercato, des grands groupes tels que Safran, Schneider, Thales, Sanofi ou bien Orano ont répondu présents. Carbon Waters, Diam Fab, Geolithe ou encore Turbotech constituent la première vague de start-ups bénéficiant de ce marché des transferts.
Un partenariat équilibré et bénéfique pour toutes les parties
Le programme Mercato est élaboré de manière à ce que tous les participants y trouvent leurs comptes. Du côté des start-ups, l’avantage majeur du programme concerne l’accès à des compétences et des connaissances spécifiques dans des domaines clés, assurés par des profils expérimentés en provenance de grands groupes industrialisés. Le cas de DiamFab, une start-up produisant des diamants synthétiques, est la plus explicite. Gauthier Chicot, CEO de DiamFab, explique comment le programme Mercato a permis à sa start-up d’atteindre ses objectifs de développement : « Nous cherchions un super business developer capable de traduire notre proposition de valeur en langage industriel pour nouer des partenariats et préparer le déploiement de Diam Fab à grande échelle. L’arrivée d’Ivan (Ivan Llaurado de chez Schneider) dans la société nous a permis de multiplier par dix le chiffre d’affaires en l’espace d’un an. Il nous crédibilise ». Du côté des grandes entreprises et groupes, l’opération est tout aussi bénéfique, comme le décrypte Paul-François Fournier, directeur exécutif innovation à la Bpifrance : « En participant, les grands groupes offrent à leurs collaborateurs la possibilité de développer une nouvelle culture d’innovation, en fournissant agilité, nouvelles méthodes et formations en conditions réelles. […] De plus, les grands groupes se constituent un réseau supplémentaire pour d’éventuels partenariats en maîtrisant les langages spécifiques, les exigences et les modèles économiques propres à ces jeunes entreprises ». Les modalités de transfert ont été élaborées de manière à satisfaire toutes les parties prenantes. « Idéalement, la charge du salaire de l’expert mis à disposition par le grand groupe sera partagée à parts égales favorisant ainsi un partenariat équilibré et bénéfique pour toutes les parties impliquées. La propriété intellectuelle des solutions qui voient le jour au sein de la startup restera à cette dernière. La durée des missions sera quant à elle flexible allant d’une semaine à 12 mois », conclut Paul-François Fournier.