Envie d'entreprendre

Du désir au plaisir d’entreprendre – 4ème étape : La création

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Par Fadhila Brahimi (chroniqueur exclusif) – Directrice du Cabinet FB-Associés

L’entrepreneur est un artiste, un créateur ! Depuis la matérialisation de son projet en structure et, ce continuellement durant tout le développement de son « entreprise » (au sens de la mise en œuvre et du déploiement).

Artiste dans l’âme ou artiste forcé : vous l’êtes, eh oui ! Notamment parce que vous devez sans cesse vous mesurer à autrui en répondant aux appels d’offre en prouvant votre spécificité ainsi que faire preuve d’ingéniosité pour jongler entre vos activités administratives et productives, commerciales et prospectives.

La créativité est une activité quotidienne spontanée, désirée et nécessaire à tous les secteurs et toutes les fonctions car elle est un des piliers nécessaires à votre survie, votre déploiement et votre différentiation.

Une méthodologie, des
techniques

Le journal Management a
publié ce mois un excellent dossier ayant pour intitulé « avoir des
idées » pour illustrer comment et où les chercheurs en R&D,
marketeurs… des grandes entreprises du CAC40 trouvaient leurs idées. Les
conseils techniques ont été regroupés autours de 10 techniques :

– Rompre avec
la routine et susciter de nouvelles manières de réfléchir

– Se mettre à
la place du client et tester ses propres produits

– Persévérer,
la première idée était souvent la bonne

– Changer de
point de vue et laisser parler son imagination

– Ne pas
s’autocensurer et oser se montrer déraisonnable

– Garder en
éveil sans négliger les détails du quotidien,

– Transformer
les contraintes en opportunités

– Savoir
relâcher la pression quand on bloque sur un problème

– Alimenter
son cerveau par une bonne hygiène

Mais comment faire lorsque l’on n’a pas les moyens de prendre un
jet privé pour un voyage improvisé en Indonésie ou de louer un bateau pour naviguer
entre les iles parisiennes en plein après midi , parcourir deux heures par jour
la presse (de toute nature), déléguer la recherche et le développement à des
spécialistes, financer des concours- étudiants….. ???

Pour ma part, je m’inspire de la stratégie Disney que j’ai
découverte grâce  Sylvie MATTERA, co
présidente de l’antenne Ile de France de l’ICFF.

Cette méthode consiste à apprécier trois phases dans la
création ‘(heure du rêve, définition des moyens et du réalisme) auxquelles
il faut y adjoindre trois espaces aménagés en fonction de l’attendu.

Comment cela peut se traduire concrètement pour nous,
entrepreneurs ? – Dans mon bureau, par exemple, j’ai crée 3
espaces en fonction de mes activités : un espace pour la comptabilité
et l’administration, un espace de production-formalisation-communication et un
espace de pause-créativité propice à la rêverie.

Un espace, des outils

Ce troisième espace est un endroit où je peux ouvrir des livres,
étaler des documents, prendre une pause rêverie sans ordinateur dans lequel je
laisse volontiers trainer notes, cartes postales, dessins,  post it, coupures de presse…. pour laisser
mon imagination en libre service dès que l’envie se ressent ; agrémenté
d’une luminosité modulable et d’un fond musical inspirante.

Aussi, comme dans l’esprit Disney pour que la phase
d’imagination ne soit pas polluée par le désir de tester la faisabilité, le réalisme,
la rentabilité de la création, je me déplace dans cet espace pour couper court
avec la messagerie instantanée, l’univers cartésien de l’entrepreunariat pour
écrire, dessiner, esquisser tout ce qui me passe par la tête : écrit,
dessin, croquis, découpage et collage….à l’aide de feutres de couleur, de
post-it, de feuilles usagées que je réutilisent au verso…etc.

Puis je passe dans un autre univers (celui de la production) pour
formaliser ce premier jet en réalisant une carte mentale.

Vient ensuite une phase primordiale : la phase de
formalisation verbale et de confrontation.

C’est la phase la plus laborieuse : partager son idée avec un
tiers de préférence hors de son champ professionnel. En verbalisant l’idée celle-ci
passe de la phase «idée » à « projet», en recueillant les questions
et réactions du tiers celle-ci passe de la phase « imaginaire » à
celle du « réalisme ».

De là d’autres connexions jaillissement. Et je retourne dans une
phase de création dans une démarche plus cadrée.

J’ai pour idée dans un avenir proche d’ajouter à cet espace des
sièges adaptés à l’imaginaire. En l’écrivant, je m’engage à le faire !

Autre espace pour la création, l’extérieur : les jardins et les
terrasses lorsque le temps me le permet car je suis frileuse mais aussi les
cafés et le métro, le train….Le bruit incite à la concentration et les brèves
et palabres à nourrir l’imagination.

Un temps, une durée

Y a-t-il un moment propice à la création ?

L’appréciation du temps est à la fois culturelle et individuelle.

Hier encore, un collaborateur me précisait pour affirmer son
professionnalisme qu’il travaillait jusqu’à 23 heures tous les soirs. Alors que
moi je débute ma journée à 4h30 avec une extinction des feux à 21 heures (sauf
cas exceptionnel). « En France, travailler jusqu’à tard le soir est signe
de labeur, en Allemagne c’est l’inverse » me précisa Corinne TANGUY.

Et qu’en est-il de la création ?

Je crois savoir qu’il n’y a pas de règles précises : les
artistes vous préciseront que la tombée de la nuit est propice à la création
alors que la philosophie chinoise nous révèle que les énergies sont en pente
ascendante dès l’aube, et donc le matin.

Deux moments précieux où vous ne risquez pas d’être distrait par
les coups de téléphone et les rendez vous impromptus mais aussi par le timer de votre agenda en veille pour
vous rappeler vos engagements de la journée.

Alors soir ou matin ?

J’oserai dire : quand vous en avez envie avec un
bémol : le soir est propice « au jeté d’idées » mais aussi à
chronophagie. Alors que le matin, est propice aux idées claires dans un temps
limité.

Pour cela il me semble important de lever des certitudes : la
durée n’est pas synonyme de qualité et le volume non plus ! On peut créer
produire de manière très constructive et très pertinente en se donnant en un
temps limité. Il y a parfois plus d’idées innovantes dans 20 minutes de
réflexion que dans 4 heures de rêverie.

J’expérimente très souvent lors de mes animations des
brainstormings de 5 à 10 minutes grand maximum. A l’annonce d’un objectif sur
un temps limité, j’obtiens des productions étonnantes ! Beaucoup plus
qu’en donnant un espace temps plus long.

En effet, une espèce de lumière rouge d’alerte s’illumine lorsque
l’on est confiné dans un court temps pour trouver une solution.

Un état d’esprit, une
volonté d’oser

« Trouver la force d’oser » décrit assez bien les
ressorts que j’utilise pour créer. En voici ma traduction concernant
« la création »:

– Reconnaitre
ses erreurs et les accepter. Pour créer il faut accepter les pertes et les
échecs. Il faut beaucoup penser, produire et accepter d’écarter les idées peu
intéressantes pour l’heure, inadéquates et non rapporteuses de valeur ajoutée,
d’essayer et de tenter des expériences sans résultat probant…et surtout de les
regarder avec objectivité pour en tirer des leçons. Difficile de le faire soi
même pour soi ; alors choisissez dans votre entourage une personne avec
laquelle vous pouvez partager vos faiblesses, vos échecs pour en retirer un
regard croisé constructif pour votre avenir.

– Oser laisser
courir ses désirs et ses pulsions en pratiquant une activité sportive ou
artistique : une activité d’expression corporelle et vocale pour évacuer
le stress et les idées bouillonnantes et absorbantes. Ainsi après votre esprit
et votre corps seront plus propices à la rêverie. Cela peut aussi se traduire
par un rituel de relaxation et de détente (bougies, encens…)

– Se plonger
dans ses racines. Eh, oui il est inutile de tout imaginer pour créer. Vous
pouvez partir d’une création, d’un synopsis pour re créer et (re) découvrir de
(nouvelles) pistes.

– Libérer son
esprit de ses peurs et laisser courir la rêverie c’est accepter d’être pendant
un temps dans un état enfantin. Laisser l’enfant qui sommeille
s’exprimer !

En cette nouvelle année je vous souhaite de « faire de votre vie un rêve
et d’un rêve une réalité
»
(Pierre Curie).

Que décidez-vous pour ce faire ?

Un espace, un temps, un outil, une méthode ???

12 thoughts on “Du désir au plaisir d’entreprendre – 4ème étape : La création”

  1. Cet article est très intéressant, mais heureusement que j’ai poursuivi sa lecture au-delà de deux notions, qui dans l’intro, m’ont choquées. Le premier est l’assimilation entre créateur et artiste. Rien à voir. L’art est le moyen de transmettre une émotion. On peut être artiste sans être créateur et vice-versa. Le second est la sempiternelle référence darwinienne à la « la survie ». C’est pénible d’inscrire une entreprise dans un contexte sauvage où il s’agit de se battre, d’encaisser des coups et de survivre dans un monde hostile. L’entreprise n’est pas cela. C’est une aventure, certes, mais je n’ai jamais ressenti le besoin d’en référer à des images mentales aussi barbares et primaires. Cette façon neo-libérale de concevoir l’entreprise dans un univers hostile n’apporte rien de bon et encore une fois, ne reflète pas la réalité.
    Heureusement que la majorité du reste de l’article apporte des éléments très intéressants notamment en terme de sollicitation de l’imagination et de notion d’agilité en effet au coeur de la démarche d’entreprise.

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  2. Définir l’art, je n’y pense même pas ; mais transmettre une émotion par la création d’entreprise ne me choque en rien, pas plus que la bataille entrepreneuriale dans un monde hostile. Il est ici sujet de créativité, ô combien latente, cette créativité dépend entièrement de notre propre « filtre de perception de la réalité », ce qui me permet de rappeler que la réalité, elle est ce qu’on en fait personnelement.
    Oui, des créateurs vivent l’entrepreneuriat comme un travail d’artiste, comme la traversée d’une jungle hostile. Ils créent liant leur imaginaire à une réalité, ça passe ou ça casse ; mais ceux qui voient la réalité dans un bilan sont des gestionnaires, bien loin d’une démarche créative.
    L’artiste, la jungle, ne sont pas des images barbares ou primaires, se sont des images claires qui caractérisent la réalité de certains, de beaucoup …
    L’introduction m’a attiré, le reste m’a fortement intéressé. La démarche créative doit à mon sens être régulière, un espace (face à ma fenêtre), un temps (plus souvent le soir), une méthode (je gribouille, lis, chante, sans aucune restriction, j’en récolte les fruits le matin le plus souvent). Simple, régulier, efficace.

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  3. Bonjour,
    Tout d’abord je vous remercie d’avoir lu l’article en entier et d’avoir posté un commentaire.
    Je comprends votre réaction et votre position.
    Pour rebondir,
    Oui pour moi il y a une relation trés étroite entre le créateur et l’artiste. C’est mon avis; vous ne le partagez pas.
    Je ne crois pas que l’art se réduit à la transmission d’une émotion mais aussi à des idées, des visions d’une époque, d’une société, d’une histoire…tout comme le créateur.
    Je pense également que l’émotion est tout autours de nous dans nos actes et nos comportements.
    Je ne limite pas non plus l’entrepreprise à un état sauvage dans un monde hostile (je n’ai pas noté cela dans mon billet). Quant à la survie , une donnée inhérente à l’être humain. Il s’agit avant tout d’une stimulation intérieure à aspirer à satisfaire des besoins primaires pour souvent aller plus loin et plus haut.Si vous n’êtes pas passé par cette phase, je comprends votre réaction néanmoins ce billet est le 4ème de ma chronique « du désir au plaisir d’entreprendre », il s’inscrit donc dans une progression et dans un esprit de partage d’expériences; il n’a pas vocation d’uniformiser la vision d’une entreprise mais de décrire une vision, la mienne en l’occurence en faisant appel aux réactions des lecteurs. Vous semblez partager certains points et d’autres pas. Je vous remercie donc de publier la votre.
    Je n’ai pas voulu décrire l’entreprise dans un monde hostile, il s’agit de votre représentation mentale et la réalité du monde que vous en avez à la lecture du billet. Vous en avez le droit. Je suis à mon tour choquée que vous puissez dire que ce que j’écris n’est pas la réalité. Il n’y pas qu’une seule réalité comme il n’y pas qu’une seule définition du créateur ni qu’une seule forme d’entreprise.
    Je suis ravie de vous lire concernant le reste du billet et serai ravie d’échanger à nouveau.
    A trés bientôt

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  4. Mon message prèc était en réponse au post de JC de Maisonneuve Anthony.
    Je vous remercie également, Arsac pour votre réaction et votre partage…je vous écris également en étant assise avec vue sur ma fenêtre…

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  5. Pour aller plus loin sur la thématique l’entrepreneur artiste, je vous invite à lire l’ouvrage de Christian MAYEUR « le manger à l’écoute de l’artiste: cultivez l’art d’entreprendre » Ed d’Organisation, 2006

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  6. Bonjour,
    Loin de moi l’idée de créer une polémique stérile. J’ai réagis à chaud, sur l’utilisation de concepts parfois vagues dont la représentation diffère des uns au autres. Je rejoins tout à fait votre point de vue sur la part de créativité qu’il existe dans l’art (au sens grec) d’entreprendre. Enfin, loin de moi l’idée d’avoir pu laisser penser que ce que vous écriviez n’était pas la réalité. J’abonde simplement dans le sens de vos précédents articles en rappelant que créer une entreprise doit se faire en prenant en compte la dimension du plaisir.
    Merci pour vos articles.

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  7. Je suis tout-à-fait d’accord avec vous Fadhila, car l’art d’entreprendre commence par les rêves! On peut rêver utile comme vous en déployant une méthode, cela est plutôt une manière de commencer à entreprendre.
    Après des années en CDI, j’ai rêvé d’entreprendre de nouveau. Auparavant, j’ai eu un bureau d’études en tant que consultante professionnel , mais je n’étais pas encore prête. Je connaissais rien du marché, et je me suis vite démotivée. Alors, j’ai changé completèment de situation! j’ai entrepris des êtudes de commerce, management et marketing en alternance, j’ai muté à Paris pour le stage, et commence à prospecter pour monter ma propre entreprise.

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  8. slt moi cest hermann je suis un jeune ivoirien vivant en cote divoire et jai un reve devinire un grand manager dartiste chanteur et pour commencer je me suis faire un blog .bossevent.skyrock.com et voila je voulait ke vous maidier a realiser mon reve je vous en suplis by et @bientot

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