Mieux porter les projets de micro-entreprises

Rey_patrickPar Patrick Rey (chroniqueur exclusif) - Consultant-formateur, Délégué Régional ITG, première société de portage salarial en France.

Au récent Salon des micro-entreprises, se bousculaient les visiteurs venus pour s'informer, avoir une idée de la viabilité de leur projet, suivre des conférences, rencontrer des personnes susceptibles de les aider. En interrogeant celles qui se sont présentées sur le stand ITG, en revoyant nombre de contacts dans les allées ou à la sortie d'une conférence, j'ai pu mesurer cet énorme besoin de soutien, de support et d'accompagnement des porteurs de projets.

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Si on prend l'exemple du fameux "statut" d'auto-entrepreneur — qui n'en est pas un, mais un régime qui attire en tous cas la curiosité ! —, on se rend compte qu'après plus de 9 mois de lancement, il conduit à se poser les mêmes questions qui taraudent tous les entrepreneurs : quelle est mon offre, quels sont les clients qui en auraient besoin, comment les approcher, comment se différencier de la concurrence ? Hélas, ces questions essentielles sont trop souvent occultées par des questions de statut, de cotisations, de prélèvements, d'impôts, que le régime de l'auto-entrepreneur a mis en avant comme principal argument marketing.

Or, que se passe-t-il dans la tête d'un auto-entrepreneur ? Je ne reviendrai pas sur mes chroniques précédentes (La montagne de l'auto-entrepreneur accouchera-t-elle d'une souris ? ou Auto-entrepreneurs : bien voir les choses derrière les mots, ou Auto-entrepreneur ou entrepreneur autonome ?). Ciel, éditeur bien connu de logiciels de gestion, a publié une étude le mois dernier, portant sur 817 personnes. Parmi les réponses intéressantes, on note que l'auto-entrepreneur "se lance toujours seul, sans conseils, avec peu de moyens et sans avoir forcément la fibre commerciale", comme le relate L'entreprise.com, dans son article "Mais qui sont les auto-entrepreneurs ?". 62% le font sans étude de marché et leur principale difficulté est de trouver des clients (43%), suivie de près par "établir mes tarifs" (19%). C'est pourtant ce que se tuent à leur dire les CCI de France et de Navarre, ainsi que les différentes entités, organismes ou autres associations qui tentent de les informer objectivement, y compris les entreprises sérieuses de portage salarial.

Et c'est là que le bât blesse ! L'étude de Ciel indique que 93% des auto-entrepreneurs interrogés n’appartiennent à aucune association ou organisation d’auto-entrepreneur. Plus fort encore, 73% ne fréquentent aucun réseau communautaire. Si on prend en compte le fait que les personnes ayant répondu à l'éditeur de logi-Ciel (!) sont des gens plutôt curieux, qui ont fait l'effort de répondre, et en amont de s'intéresser aux outils disponibles pour faciliter leur activité, on se dit qu'une plus grande proportion de porteurs de projet en est sans doute à un stade encore moins mûr !

Que faut-il en conclure ? Pour tout projet de micro-entreprise, quel que soit le mode de lancement — entreprise individuelle (EI), régime d'auto-entreprise (AE), société avec capital social (Eurl, Sarl), salarié d'une entreprise de portage salarial (EPS) —, les mêmes fondamentaux sont là, incontournables. La responsabilité des organismes ou sociétés qui accompagnent ces porteurs de projets est différente par nature, selon l'objet et le financement de l'entité. Les CCI sont financées par la taxe professionnelle, les associations par les dons, les coopératives d'activité par des financements privés et publics, les EPS par les frais de gestion appliqués sur les honoraires HT facturés pour le compte de leurs salariés autonomes. On le voit, en dehors d'associations comme l'UAE, les AE n'ont guère de moyens de briser la solitude du créateur, et surtout ne bénéficient pas de l'accompagnement de professionnels, avec la formation qui va avec, ni d'accès à des outils professionnels, à moins de payer !! Payer, c'est le mot qui fâche, à cause de la culture de "prédateurs du net" et de l'effet pervers des offres alléchantes qui inondent le web : votre site internet gratuit, les faibles charges de l'AE, le portage salarial "low cost", etc.

Démarrer seul n'est pas facile : beaucoup ne décollent même pas ! Progresser seul est un suicide professionnel quasi assuré ! C'est après que c'est cher, comme dans l'assurance ! Très cher même, comme tout ce qui est gratuit ou pas cher au départ, en apparence.

 

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