Par Alain Fernandez - Consultant indépendant
Il y a déjà pas mal d’années, quelques
sagaces experts remarquaient bien justement qu’au delà des contingences
technologiques, l’architecture des systèmes informatiques était
toujours à peu près en phase avec le principe organisationnel en
vigueur.
Ainsi, du temps de l’entreprise monolithique, le système informatique était ce monstre central inaccessible aux vulgaris salariés,
véritable minotaure logé dans son labyrinthe climatisé, nourri sans
relâche par ses fidèles servants, de bandes et de cartes perforées.
Puis,
l’entreprise s’est peu à peu disloquée pour adopter une organisation en
services et unités indépendantes, classés par la suite selon un radical
barème : centre de coûts, centre de profits. L’informatique est alors «
départementale » avec l’essor des « minis ».
Enfin, l’entreprise est devenue « étendue », « éclatée », « en réseau », « atomisée ». Ce fut le début de l’ère de la micro, puis des nouveaux modes de conception des architectures informatiques plaçant l’échange et la communication au cœur du système (EAI).
Le même parallèle pourrait pratiquement être proposé pour comprendre l’évolution de la technologie de la Business Intelligence lorsqu’elle se limite à l’informatique décisionnelle.
1er stade La décision : une affaire de managers
Les
outils d’aide à la décision de première génération, les EIS, étaient
destinés aux cadres de rang élevé, comme l’acronyme une fois développé
l’indique (Executive Information System). C’étaient des objets de luxe.
Seuls une poignée d’executive de haut vol pouvaient se permettre de s’offrir des camemberts à un tel coût de revient.
Le
principe fondateur était cependant conforme à la prise de décision en
entreprise. Les décisions se prennent au sommet. L’information se
collecte en bas. On pouvait imaginer ainsi un modèle d’entreprise où le
manager, confortablement installé dans son cockpit, pilotait son
vaisseau « entreprise ». Chaque échelon inférieur rendant compte de son
activité au niveau directement supérieur. Le reporting était né.
2nd stade La décision est l’affaire de tous
Mais
dans un monde où les nouveaux mots sont « incertitude », « rapidité »,
« réactivité », les exigences de la loi du marché ont raccourci les
échelles de temps et imposent de saisir les moindres micros signaux
afin de réagir sans délais. Pas d’autres solutions que de multiplier
les centres de décision et de les rapprocher du terrain.
Microsoft
l’a bien compris lorsqu’il a choisi d’intégrer un serveur d’analyse
OLAP directement dans SQL Server et accessible depuis Excel.
La voie est alors ouverte pour faciliter l’accès à l’information et à la prise de décision par un plus grand nombre d’acteurs.
Sur le plan technique en tout cas il n’y a pas d’obstacle… Mais seulement sur le plan technique.
Car
c’est là où le parallèle cité en première partie ne fonctionne plus. Si
les organisations ont su s’adapter et évoluer, les modes de management
et les règles de pouvoir sont eux encore gérés par une vieille
tradition immuable, héritée du monde militaire, où la ligne
hiérarchique sert d’épine dorsale. L’information est toujours un
synonyme de pouvoir et ne doit circuler que dans le sens ascendant. Il
faut reconnaître qu’aujourd’hui encore peu d’entreprises ont réellement
modifié ces antiques règles. Et les ventes de licences d’outils de
reporting constituent toujours le fond de commerce de la profession.
Pourtant, la révolution technologique de la BI est loin d’être achevée.
Il
s’agit maintenant de distribuer de vrais outils de pilotage, des
tableaux de bord, sur la majorité des postes. Puis, de faciliter les
échanges latéraux d’information entre les décideurs, chacun expert de
son domaine.
(A suivre notamment les dernières annonces de Microsoft qui vont d’ailleurs en ce sens avec l’intégration des virtual workplace de Groove du génial Ray Ozzie.)
Il ne reste plus qu’à changer les modes de management, (yapuka comme dirait l’autre), et passer du :
« Tu
vas te battre, tu seras seul dans ta lutte, tu n’auras pas d’amis sur
qui compter et de toutes façons tu ne feras pas non plus de cadeau,
mais toi aussi mon fils tu seras un chef ! »
A
« Top trop cool, ici on est tous des potes…»
Pas gagné le pari…
A plus tard...
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