
Par Vincent Colot (chroniqueur exclusif) – Analyste financier
Soyons francs ! Une action qui rapporte beaucoup avec un minimum de risque et en un minimum de temps, qui n’en rêve pas ? C’est bien entendu le fantasme éveillé de tout investisseur. Mais cette ambition, plus ou moins inconsciente, est-elle condamnée à demeurer une chimère ?
Laissons de côté l’analyse technique (Ouch ! Je connais au moins un des lecteurs réguliers de ce site qui ne sera pas content). Même sans parler du poids des frais de transactions, il doit être répété que l’analyse technique (basée sur l’observation des cours passés) ne donne malheureusement pas de résultats probants. Deux études récentes (celle de P. Bajgrowicz et O. Scaillet intitulée « Technical Trading Revisited : False Discoveries, Persistence Tests, and Transaction Costs » et celle de B.R. Marshall, R.H. Cahan et J. Cahan intitulée « Technical Analysis around the World » ; tous deux de 2009) concluent d’ailleurs à nouveau à l’inefficacité de cette boîte à outils.
Rejeter l’analyse technique ne revient pourtant pas à évacuer complètement la question du « timing » d’un conseil : en effet, il convient d’attendre qu’une action soit suffisamment bon marché pour la conseiller à l’achat. Tout cela est bel et bon mais, en supposant que le diagnostic soit correct (et donc que l’action soit réellement bon marché), quand le cours montera-t-il ? Délicat ici de jouer au plus malin.
Car certains acteurs sur le marché boursier disposent de moyens nettement plus importants que vous ou moi pour cet exercice. Forts de dizaines de milliards de dollars à investir, certains investisseurs institutionnels, comme les fonds spéculatifs (« hedge funds »), traquent en effet sans répit les situations à (très) court terme où la Bourse est susceptible de se tromper. A l’aide de modèles mathématiques hyper-sophistiqués tournant sur des ordinateurs surpuissants, les plus habiles d’entre eux peuvent engranger des gains substantiels en multipliant des opérations d’achat et de vente espacées parfois de quelques secondes. Mais cela ne marche pas à tous les coups, surtout lorsque les variations boursières sont brutales.
