
Par Vincent Colot (chroniqueur exclusif) – Analyste financier
C’est peut-être un de ces signes qui font prendre conscience que l’on vieillit … Tant pis, j’assume ! Ayant le bonheur de fréquenter quelques enfants d’une dizaine d’années, j’ai constaté une tendance qui me chagrine : ces diablotins sont perpétuellement occupés. Quant ils n’ont pas leur cours de guitare ou de GRS (pardon : gymnastique rythmique et sportive), ils se précipitent à l’anniversaire d’un copain de classe ou à une balade avec leurs parrain/marraine. Mais leur occupation favorite, celle qui les fait se réveiller (tôt) les week-ends au grand dam de leurs parents résignés, c’est de regarder l’ECRAN. Quel écran ?, demanderont les plus naïfs d’entre vous. N’importe lequel : celui de la télévision, de l’ordinateur, du lecteur DVD portable ou de la console de jeu tout aussi portable. Et je ne dirai rien des téléphones mobiles qui garnissent les cartables de plus en plus tôt.
Alors, voilà, c’en est fini de moi : je suis irrémédiablement devenu un réactionnaire bedonnant et cynique, pleurant après ma jeunesse perdue. En partie sans doute. Je pleure en effet une certaine idée de la jeunesse, mais pas pour moi ; pour eux que je vois constamment si affairés. Car, enfin, pour permettre à un enfant de développer sa curiosité, il doit passer par une phase que nous avons tous connue, étant enfants : S’ENNUYER. C’est bien à l’occasion de nos longues périodes d’ennui – les quadragénaires sont sans doute la génération des « enfants de la télé » mais celle-ci n’était pas constamment allumée -, que nous avons pris et commencé à lire ce livre offert par Tante Yvonne, « Les grandes espérances » de Charles Dickens. C’est bien ainsi que nous avons, petit à petit, développé notre imaginaire, nourri nos propres réflexions et notre goût pour l’art. Réfléchissez-y un moment et vous conviendrez avec moi (oui, vous, désormais réactionnaire bedonnant et cynique) que l’ennui a joué un rôle déterminant dans la construction de toute votre personnalité.
Admettons. Mais pourquoi vous raconté-je cela ?
